Volet central de l’incroyable trilogie « Il était une fois… » de Leone, Il était une fois la révolution en VF est le film le plus sombre du Maestro. Véritable fresque historique, Giù la testa peint un portrait pessimiste et cru de la politique en positionnant son intrigue en 1913, dans un Mexique au bord d’une grande révolution dont le héros n’est autre que Juan, un braqueur et truand embarqué dans quelque chose qui le dépasse complètement.


Leone a pourtant eu beaucoup de mal à aboutir son projet, le film étant sujet à pas mal de controverses comme la citation de Mao Tsé-Toung en ouverture mais surtout Giù la testa aurait pu ressembler à tout autre chose. En effet Leone s’est quand même pas mal fait emmerdé, que ce soit lors du tournage mais également lors de la sortie du métrage à cause des confusions autour du titre ou encore des cuts faits au montage pour certaines distributions comme aux USA où des pans de scènes entiers ont été supprimés, gommant parfaitement la dimension politique du film mais qui au final en trahissait l’esprit.


Giù la testa est donc constitué de tous les codes du Western auquel nous sommes habitués mais agrémenté d’éléments et d’un contexte peu commun pour l’époque. Et là encore Leone nous fait une démonstration de sa grande maîtrise des images, des scènes d’action/inaction à l’ambiance pesante. Mais contrairement à ses autres long-métrages, Leone rend ses protagonistes bavards, très bavards à l’image de Juan Miranda, brillamment interprété par Rod Steiger. Ce dernier est d’ailleurs un personnage « inédit » dans la filmographie du maestro, pillard crasseux dont les nombreux rejetons sont en passe de suivre les traces. Il n’est motivé que par l’argent et décide donc de s’associer à John Mallory, Sean de son vrai nom qui est un membre de l’IRA en fuite, pour braquer la banque de Mesa Verde qui s’avèrera plus être une prison pour prisonniers politiques qu’une réserve de lingots d’or.
Les deux se verront donc embarqué en plein cœur d’une révolution.


Un des duos les plus improbables est alors formé, et l’énorme travail fait sur le développement des personnages permet au spectateur de suivre et de s’attacher à ces deux opposés qui finiront tant bien que mal à nouer des liens d’amitié et à prendre part à cette révolution qui les indifférait tant.
Inutile de préciser que pour apprécier pleinement les personnages et principalement celui de James Coburn, il est impératif de regarder la version « restaurée » du film incluant l’histoire de Mallory.


Et si les images sont moins bavardes que les personnages dans Giù la testa, elles n’en restent pas moins sublimes. Leone continue d’utiliser ses zooms magnifiques sur les faciès crasseux et usés et ses plans larges sur des paysages stériles et arides où l’action a encore plus d’impact (à l’image de la génialissime scène du pont en pierres). Les gunfights sont d’ailleurs bien plus sombres et froids que dans les autres films de Leone avec des retournements assez imprévisibles par moment.


Giù la testa est un film envoutant dont l’ironie assez pessimiste rend le tout un peu plus sombre qu’il n’y paraît au premier abord. Tant d’éléments qui font de cette fresque lyrique et historique un chef d’œuvre intemporelle demeurant une inépuisable source d’inspiration.

Redango
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le 28 déc. 2015

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