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Pour sa huitième édition consécutive, le Festival du Film de Fesses proposait, dans quatre salles parisiennes d’art et d’essai, une sélection rodée d’œuvres abordant la sexualité avec un regard original, parfois drôle et souvent critique. De Stanley Kubrick jusqu’à des courts-métrages inédits, la programmation était accompagnée d’un ensemble de débats et de rencontres. C’est dans ce climat engageant, interrogateur et stimulant, que s’est déroulée la projection du film How to Have Sex, présenté par la réalisatrice. Ce premier long-métrage a reçu à Cannes le prix Un certain regard et la Queer palm, distinction créé en 2010 pour récompenser les films représentant la cause LGBTQI+.


Cette jeune artiste britannique timide au regard clair emmène les spectateurs au large de la Crète dans l’univers du tourisme de masse et des formules hôtelières all inclusive. Il est question d’un monde festif à outrance, axé sur un modèle de consommation exubérant. Trois adolescentes originaires de la banlieue de Londres s’offrent des vacances entre amies, animées d’un désir de liberté et de découverte charnelle. Ces protagonistes se révèlent humains, caricaturaux et ambigus.


Le récit aborde la découverte sexuelle et amoureuse et la confusion qui en résulte pour les jeunes personnes. Trois héroïnes féminines sont perçues à travers une perspective à la fois sensible et sans concession. Les chairs se dévoilent tressaillantes dans une quête effrénée d’aventures nocturnes. Pourtant, tôt se révèlent leur épuisement et d’amères désillusions. La réalisatrice fait sentir le vertige existentiel et la solitude physique éprouvés lorsque le fantasme se heurte à l’expérience. Les ardeurs s’avèrent nourries de clichés et imposées par une culture patriarcale violente, laissant peu de place au cœur et à la tendresse.


L’œuvre satirique et vibrante s’inscrit dans une longue tradition parodique, fonctionnant comme un modèle inversé des histoires de découvertes amoureuses idéalisées où prime l’esthétisation. Le film fonctionne comme une version dystopique du Daphnis et Chloé, attribué à Longus autour du IIe siècle. Au lieu d’une nature abondante et propice, il est ici question d’un décor artificiel et nauséabond. Multiplicité et contingence se substituent à l’exceptionnalité des personnages. Méprise, mauvaise foi et mélancolie sont au cœur de l’intrigue.


Seule l’une des trois jeunes protagonistes rencontre un amour sans heurt, dont le silence au sein de la narration induit la justesse, en creux. L’amie effacée et simple, éprise d’une autre jeune fille, semble connaître une entrée heureuse au plaisir avec une forme de respect et d’horizontalité. L’idylle semble filer dans un suave silence.


How to Have Sex est un film palpitant, transpirant et criant. Il dégage une atmosphère empreinte de mauvais goût et d’une essence primordiale. Chacun y est invité à respirer l’ivresse mais aussi à méditer sur l’intériorisation d’un consumérisme dévastateur.


Auteur : Elio Cuilleron

Site d'origine : Contrastes

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le 11 déc. 2023

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