Honorable, modeste mais...il enfonce des portes ouvertes

Hostiles est typiquement le genre de films contemplatifs (au sens large) dans lequel il ne se passe pas grand chose à proprement parler. "Contemplatif", un adjectif qui a vite fait de dériver sur le terme de "poseur" si le réalisateur n'y prend pas garde. Ajoutez à cela l'énorme poncif de la tolérance inter-"raciale" (surtout entre deux peuples ennemis) et vous ajoutez au risque de vide celui de tomber dans le classique "hymne à la tolérance" hyper forceur, hyper caricatural, hyper paternaliste et hyper niais.
Malgré le spectre de ces écueils, le film n'arrive pas à se faire détester tout simplement...parce qu'il ne tombe pas dedans !


En effet, "Hostiles" est un film plutôt pragmatique et "masculin" dans le sens où le contenu est assez brut et "réaliste" (mis à part le côté larmoyant appuyé et les clichés des regards lancinants à quelques reprises). En fait, si je devais résumer mon impression, c'est que le film est relativement "modeste" dans son approche. Loin d'être donneur de leçon ou porteur d'un message fort qui dévore le film, le récit reste dans les enjeux propres à ses personnages. Bien sûr, le film brasse des idées mais ces idées sont davantage une sorte d'aura autour d'un récit terre à terre et plutôt humain, des idées plutôt d'ailleurs souvent ressassées avec plus de miel dans d'autres films : la violence humaine surtout dans une situation de survie, les dérives américaines, etc.


"Modeste", un adjectif qui consacre le film par comparaison aux niaiseries pseudo-profondes mais qui à la fois le condamne à l'oubli. Car derrière ce terme au final demeure un problème majeur : "Hostiles" ne fait qu'enfoncer des portes ouvertes, constat que résume parfaitement la critique de Libération : "Ce film éducatif est fait pour toutes celles et ceux qui voient encore en noir et blanc.", certes assez sévère mais qui a un fond de vérité. Au fond l'équipée assez peu enthousiasmante du film se résume au fait de montrer que la réalité n'est pas si manichéenne et que le prisme moral binaire n'est pas apte à fournir un point de regard satisfaisant sur les faits humains. C'est en réalité la seule progression de ce film outre son aspect contemplatif assez réussi mais qui ne restera pas dans les annales faute à de la matière véritable pour construire des personnages vraiment complexes et cette progression n'amène absolument rien à une personne qui a dépassé le stade de la niaiserie. On vit certes dans une époque assez binaire avec de plus en plus de déballage de premier degré mais bon ce n'est pas une raison pour réinventer la roue.


Au final "Hostiles" est un film honorable dans sa dimension contemplative en ce qu'il est plutôt bien fait et "humain" sans verser dans la futilité, mais un film honorable voire hypnotique...sur le moment avant de rejoindre la longue liste des films qu'on range dans un coin de notre tête jusqu'à l'oublier définitivement. Comme quoi la modestie n'a pour récompense que les honneurs cordiaux.

Foulcher
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le 29 mars 2018

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Foulcher

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