Heu... Leos, ton film ça serait pas une compilation de court-métrages déguisée ?

Ce film fait partie de mon "rattrapage culturel" édition "C'est sûrement de la merde, mais il faut bien essayer"


Scénario :
Le film commence avec une intro où l'on voit Leos Carax dominer une salle de cinéma où tout le monde est stoïque... ou mort. Un truc à ne jamais faire au cinéma : faire commencer son film par des spectateurs qui sont littéralement morts d'ennuis devant votre film. Ca donne vachement envie de continuer.


Par la suite, on joue la journée d'un type joué par Denis Lavant, nommé Monsieur Oscar. Celui-ci est conduit dans une limousine blanche à ses différents "rendez-vous" dans lequel il joue différents rôles : une petite vieille qui mendie, un monstre qui va enlever une actrice lors d'un shooting au père lachaise, un mec qui bute son double, un père affreux, etc... Et à la fin il vit avec des singes, son assistante finit sa journée et les limousines parlent entre elles dans leur dortoir.



En tant que sujet d'étude :



"Holy Motors" est le film que je m'étais donné pour analyser "les films d'auteurs chiants." Mais en fait, le film s'il est à fond dans son trip d'auteur est tout sauf chiant. Ca part dans tous les sens et c'est aussi cryptique qu'un film de David Lynch mais le film est découpé en séquences qui rendent le film difficilement ennuyeux tant il aligne les séquences très différentes les unes des autres.


C'est même finalement plus compréhensible que du David Lynch. Le film nous met sans arrêt sur la piste de "il s'agit d'une métaphore du cinéma et du jeu du comédien." La limousine est une loge où il se change, il croise d'autres personnes qui semblent être "acteurs" (dont Killie Minogue) et il explique à un moment que les caméras sont tellement petites que maintenant on ne les voit plus. On peut limite imaginer un contexte de sf sous-jaçant où Paris est devenu un immense studio et où les acteurs de cinéma sont obligés d'aller de lieu en lieu et d'être filmé pour de vrai comme dans la téléréalité. Le film trace aussi un parallèle avec l'idée que notre "vie est un rôle" et chacun de ses rendez-vous est en quelque sorte une sorte de réincarnation. (C'est un peu ce que sous-entend la discussion qu'il a avec Killie Minogue.)


Ma théorie c'est surtout que Leos Carax ne doit pas vraiment aimer la "forme longue" et préfère celle du court métrage. Ca se voit lorsqu'on regarde sa filmographie qui est rempli d'autant de films courts que de films dépassant les une heure et demi. Or, les court-métrage, personne ne regarde ça, c'est chiant à produire, c'est chiant à diffuser et même Arte les diffuse tard le soir. La solution se trouve limite dans ce Holy Motors où chacun des rendez-vous peut-être considéré comme un court métrage avec Denis Lavant. Chacun dans un genre différent, histoire de varier les plaisirs. Le tout relié par des scènes oniriques avec des limousines.



Mon avis personnel :



J'ai globalement bien aimé. J'ai vu assez vite où le film voulait en venir et du coup, j'ai plutôt accroché à certaines séquences :l'engueulade en voiture avec l'ado, la discussion avec Kylie Minogue et la fin m'ont notamment assez plu. Il y a des plans très beaux dans ce film, notamment une scène au dessus de la samaritaine où je me suis dit "putain, mais si je devais jouer ça, j'aurais trop le vertige." ( A croire que les australiennes n'ont pas le vertige.)


Les acteurs sont très convaincants, mais ce film est surtout une occas' en or offerte à l'acteur Denis Lavant (que je n'avais pas vraiment vu dans d'autres films) de jouer dans des rôles complètement différents et de montrer l'étendue de son talent. Pour le coup c'est réussi. Le reste du casting est bon. Bon, Eva Mendes ne joue pas vraiment mais c'est peut-être le but.


Après, j'ai eu un problème avec ce film c'est que je l'ai vue via un fichier où le son était complètement dégueulasse et poussé à son minimum. J'ai beau mettre les hauts parleurs le plus fort possible et augmenter le son de mon lecteur à donf, il y avait des moments où j'avais du mal à saisir ce que disait les acteurs. Ce qui est plutot chiant.


Après, quand je lis les critiques professionnels (ou sur ce site) je me demande parfois si on a vu le même film. j'ai pas particulièrement vu où se trouvait le côté vertigineux ou la "démonstration de virtuosité" tant vantée. Alors, ouais, certains plans sont superbes mais dans l'ensemble c'est loin d'être oufissime.


Idem, s'il y a des bons moments d'autres m'ont profondément fait chier et où je cherchais à voir où il voulait en venir et de m'apercevoir que... ha non, il en vient à rien. (Je pense à la fin du segment avec Monsieur Merde ou à l'épisode de la "motion capture".) Et du coup, j'ai pas bien saisie une forme de symbolique de certains passages, j'en viens à me demander parfois "pourquoi ?" (Pourquoi y a t-il des tombes avec écrit "visitez mon site" ? Pourquoi Monsieur Oscar finit dans une maison où sa femme et sa fille sont des singes ? Pourquoi la discussion sur les armes entre Monsieur Oscar et quelqu'un au téléphone dans le début du film ? Ta-gueule-c'est-onirique, c'est ça ?)


La fin est d'autant plus bizarre si on estime que chaque segment se déroule dans le même monde. En effet, la maison "aux chimpanzés" semble être la même que celle d'où venait la fille adolescente dont il jouait le père. Du coup ça atténue totalement la portée de ce segment là où l'ado revient de la soirée, avouant qu'elle ne s'est pas amusée et qu'elle est restée toute la nuit dans la salle de bain. Si après coup, on s'aperçoit que les invités étaient des chimpanzés, on se dit que c'est normal qu'elle ai passé la soirée dans la salle de bain. Pourquoi transformer cela ?


Ou alors les critiques qui portent ce film aux nues se croient très malin parce qu'ils ont dénichés tel ou tel clin d'oeil à un film, un réalisateur obscur ou un ancien film de Léos Carax. Ou alors, ils se croient très malin parce qu'ils ont vus que c'était un film sur le cinéma et le jeu d'acteur et qu'ils pensent que les gens sont cons au point de ne pas le voir.


Mais la fin du film se finit sur une séquence tellement décalée qu'elle m'a fait sourire. Et du coup, je me suis dit que ce film avait quand même une pointe d'humour et de divertissement qui le sortait d'un premier degrés trop pesant et d'une forme de pomperie prétentieuse.

le-mad-dog
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le 13 déc. 2016

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