Bandits Humains, Agents Humains, Monstres Humains

Note : Voir le film original, L.A Takedown serait une expérience intéressante.
Heat est considéré comme l'un des plus grands films du cinéma d'action américains des années 90. Un monument, une référence, pour résumer : Une oeuvre qui se démarque.
Faisant près de 3h, je n'avais jamais eu l'occasion de m'y confronter, malgré le fait que je le possède depuis plusieurs années mais j'ai enfin décidé de sauter le pas.
Et je me suis pris une claque monumentale, je pensais voir un bon film de braquages mais j'ai découvert un chef d'oeuvre et peut être l'un des films qui me marquera le plus dans ma vie.
Déjà, Heat fait parti d'un genre très original. C'est un film choral de braquages aux allures de comédies romantiques.
Pour ceux qui ne le savent pas, il s'agit d'un genre de film qui met en scène de nombreux personnages aux destins liés (merci google quand même faut le dire) et c'est exactement comment je décrirais Heat. Quand on suit les personnages, on ne les suit pas comme d'habitude. Cela ne se limite pas à "Méchant contre gentil" ou "Policier contre criminel":
On s'intéresse à la vie personnelle des policiers en plus de celle des criminels, ce qui est très rare dans ce genre où ils sont en général des entités, des symboles plus que de véritables personnages.
Le fait que les deux côtés qui s'affrontent soient représentés au même niveau de pertinence et d'importance crée un parallèle qui captive, surtout avec la finesse et le réalisme de l'exécution.
On rencontre ce genre de comparaison plusieurs fois et pas uniquement entre les personnages principaux. Par exemple, quand Neil (Robert de Niro) rencontre Eady (Any Brenneman). Elle lui parle de sa maison. Son point commun avec celle de Neil, elle possède un belle vue, la différence, elle est délabrée. Mais elles donnent une image de leurs vies à travers ce qu'elles contiennent.
Malgré son entretient celle de Neil est impersonnel et non meublé (Tout cela à cause de son train de vie infernal dans le grand banditisme) , l'inverse de celle d'Eady rempli de posters et de décorations en tout genre. Cette métaphore se ressent aussi par la lumière. Le blanc terne et froid très présent dans celle de Neil et le jaune chaleureux dans celle d'Eady.
Cette manière d'aborder les thématiques par des "tranches de vies banales" donne le sentiment que le monde continue de vivre malgré les horreurs qu'ils s'y passent et un côté apaisant et joyeux au long-métrage, malgré le fait que le sujet ne le soit absolument pas.
Mention spéciale à la scène de discussion entre Vincent et Neil, humaine et très touchante.
Il est l'un des rares films d'actions de cette époque dont je doutais du dénouement.
On ressent de vraies recherches dans la gestion du mystère et de la tension, accompagné par une bande originale au style moderne qui s'adapte bien mieux que n'importe quelle musique symphonique.
(Point que je n'arrive à caser nulle part, le film ne tombe pas dans le cliché du personnage qui meurt avant de faire une révélation)
Après avoir attaqué le fond, voilà la forme.
On y voit une excellente maîtrise des plans larges.
Michael Mann avait déjà cette virtuosité dans sa réalisation avant le numérique et son utilisation parfaite dans Collatéral 9 ans plus tard.
Je ne suis pas fan de la colorimétrie grisâtre, bleu mais étonnement cela ne me dérange pas dans le cas de Heat. Sans doutes dû aux cadres somptueux que le film nous offre, un travail minimaliste de dévoiler autant de relief et de vie dans des environnements aussi sombres et urbains, encore plus lors des scènes de nuits.
Les scènes d'actions qui semblent s'étendre pour rien sont au contraire extrêmement jouissives. Tout ça grâce au montage qui reste très lisible malgré sa rapidité et son sur-découpage. Un exemple en la matière.
Seul point négatif et je terminerais par ça, l'utilisation de fonds verts/bleus discutable, autant dans son utilité que dans sa réussite.


Pour conclure, je vous conseille évidemment de le regarder si ce n'est pas déjà fait. Sous ses airs de films d'actions basiques se cachent une oeuvre intimiste, personnelle et très belle.

SikouilleTrwabitte
10

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Top 10 Films et J'ai découvert ces films en 2020, poil au rein (commenté)

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le 21 juil. 2020

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