
Remarqué pour son film d’horreur Dead « Les nazis font de la montagne » Snow, le norvégien Tommy Wirkola put lancer son premier film américain avec cette promesse alléchante, celle de raconter la suite du conte d’Hansel et Gretel.
Que ceux qui ne seraient pas familiers avec cette histoire traditionnelle rapportée par les frères Grimm se rassurent, l’introduction nous présente ces deux enfants abandonnés par leurs parents en pleine nuit. Errant dans la forêt, Hansel et Gretel découvrent une maison en sucreries. Le piège est trop beau, une sorcière y habite et n’aurait fait qu’une bouchée des deux enfants s’ils n’avaient pas réussi à la défaire en la poussant dans le four.
Les deux orphelins ont bien grandi, et puisqu’ils semblent avoir un don dans l’extermination de sorcières ils en ont fait leur métier. Ils vont de ville en ville dans une Europe médiévale et fantastique, louant leurs services. Hansel est le plus sanguin, Gretel est plus réfléchie, mais tous deux disposent d’un arsenal lourd d’armes à feu revisitées et aussi de bonnes aptitudes physiques, en plus de leur expérience dans ce domaine qui ne semble pas connaître la crise.
Mandatés par le maire d’Augsburg, ce qu’ils vont y découvrir va aller plus loin que leurs habituelles chasses, face à une menace plus imposante que jamais tandis que certains mystères autour de leurs origines seront levés.
Tommy Wirkola poursuit l’histoire des deux orphelins vers une suite logique, celle de chasseurs de sorcières. En dehors d’une gentille représentante, les sorcières présentes sont maléfiques et méchantes, c’est dans leur nature. Tommy n’a pas lu La Sorcière de Jules Michelet et toute cette littérature récente qui assimile la sorcellerie de ces temps anciens au féminisme. Sans aller jusque là, un peu de nuances n’aurait pas fait de bien à ces vilaines sorcières.
Hansel et Gretel : Witch Hunters transpire la testostérone, on s’y bat sans prendre de gants. Le film a d’ailleurs cette petite signature presque rituelle de faire passer les personnages et les ennemis à travers le décor, qu’il s’agisse d’arbres, de murs ou de fenêtres, avec les éclats projetés. Les armes employées dont celles à feu sont un peu éloignées de ce moyen-âge, mais redessinés (à la sauce medieval-punk?). Quelques écarts amusent d’ailleurs, à l’image de ce tourne-disque métallique, et on se demande si le film n’aurait pas aller plus loin dans son médiéval dystopique que ces quelques ajouts.
Tommy Wirkola aime toujours autant le sang, assez présent. Certaines exécutions brutales et sanguinolentes réservent le film à un public averti, qui de toute façon attendait Tommy sur cette veine (haha) depuis Dead Snow. Le film est assez mouvementé, et la caméra peine parfois à suivre, mais quel punch ! Le dernier affrontement, assez spectaculaire, est assez proche de certaines productions vidéoludiques, quitte à en faire trop mais avec un sourire complice.
Tout de même, Hansel a le meilleur rôle dans cette distribution de coups, Gretel malgré ses qualités physiques sera celle qui recevra le plus, au point de devoir être secourue à plusieurs reprises. Une fois encore, on retrouve le cliché habituel de la demoiselle en détresse malgré les promesses. Une Gretel aussi badass qu’Hansel aurait pourtant été encore plus appréciable.
Mais même si le sort (physique) de l’un ou de l’autre sera plus ou moins bousculé au fil du métrage, le film prend le soin de les développer. Leur lien filial n’est jamais abandonné, ils peuvent se chamailler mais iront combattre l’Enfer s’il le fallait pour sauver le frère ou la sœur. Le film réserve à chacun quelques intrigues secondaires, même si on retrouve certaines grosses coïncidences un peu trop récurrentes sur ce genre de productions. C’est appréciable, permettant d’étoffer une histoire générale sans grand intérêt, en dehors de cette justification à faire parler les poings et la poudre et toute autre arme disponible.
Les tournages en extérieur ont eu lieu en Allemagne pour l’essentiel, et c’est un plaisir de retrouver ces forêts touffues et parfois inquiétantes dans ce long-métrage. Les reconstitutions d’intérieur moyenâgeux sont aussi réussis. Hansel et Gretal adoptent un look en cuir (et une badassattitude) assez typique des productions de films d’action depuis le succès de Matrix, mais qui leur vont bien. On ne peut pas dire que Jeremy Renner et Gemma Atterton proposent l’essentiel de leurs possibilités, mais ils ont la détermination farouche sur leurs visages, un peu trop fixée peut-être. Dans le rôle de la grande méchante sorcière, Famke Janssen ne fait pas des étincelles. C’est presque un crime de la recouvrir d’un tel maquillage, mais il est assez réussi, de même que pour le sabbat de sorcières où la diversité dans les effets visuels est très accomplie.
Mais, une fois encore avec ce genre de productions, il y a une profusion numérique qui se voit dans certains plans, tandis que la photographie, assez grise et froide, reste assez convenue, typique de ces années. Un peu plus de couleurs, un peu moins d’éclairages aussi artificiels, et Hansel et Gretel aurait pu gagner en personnalité.
Hansel et Gretel : Witch Hunters poursuit le conte de belle manière, avec ses orphelins à la poursuite de sorcières. Le film est classique sur bien des aspects, mais la touche Tommy Wirkola est bien là, un divertissant assez explosif, parfois sanguin, gardant malgré tout une légère touche d’humour pour ne pas se considérer comme trop sérieux.