A la lecture du synopsis, on se sent comme plongé dans l’histoire que l’on ne devine au final, pas si banale que cela. Tout d’abord, l’œil du réalisateur Nadir Moknèche se fixe sur les événements quotidiens de cette entrepreneure dont le projet est la construction d’une maison d’hôte. Puis, du jour au lendemain confrontée à un incident qui pour elle semble salutaire, va se révéler la cause d’une pluralité événements aussi profonds que destructeurs ; autant pour sa vie professionnelle que celle dite privée.


Les plans souvent formels et un peu avares de rêverie, ne nous informent nécessairement pas sur l’espace : ils sont empreints d’un certain esthétisme et adoucissent souvent la dure réalité qui semble absorber les personnages malgré-eux. Ces dits plans ne visent pas une description carte postale du Maroc ; juste le point de vue quotidien des protagonistes. Dounia l’entrepreneure, par l’œil mécanique de Nadir Moknèche, se fait femme fatale et exprime paradoxalement dans ses actes et ses gestes une superficielle froideur. On retient cependant l’utilité esthétique de deux scènes. Celle d’ouverture, où la pluie est abondamment présente, annonçant ainsi un drame à venir. Enfin, la seconde scène où culmine un palpable sentiment dramatique, se fait aussi sous la bénédiction d’une pluie torrentielle.


Aussi, le métrage ne laisse pas sa place au suspens, use d’ellipse pour accentuer la situation chaotique dans laquelle les personnages sont pris. On découvre au fur et à mesure les desseins de chacun, qui ont conduit à des degrés différents, à tirer profit de l’événement causal. Lorsque Dounia compte sur cette découverte pour entrevoir un avenir paisible pour son fils et elle, Gabriel lui jeune nigérian homosexuel travaillant sur le chantier de cette dernière y voit la possibilité de rejoindre ce qu’il considère comme El dorado, l’Espagne.


Jusque-là le spectateur comprend et ne se sent pas exclu du métrage. Cependant, arrivent les instants où sans jamais donner d’explications, le métrage laisse en suspens des informations qui auraient pu l’éclairer. Au fur et à mesure que l’élément capital, celui constitutif de la clé de voûte du film a été clairement dessiné ; l’implicite prend une trop grande place dans le déroulement des événements qui n’en avaient réellement pas besoin, bien au contraire. Ce sentiment étrange d’avoir entre les mains, la majeure partie de l’histoire, des dégâts que la capitale découverte a pu causer et de devoir se débrouiller avec tout cela en en faisant avec nos propres moyens, quelque chose de sensé.


En ce sens, le réalisateur nous donne à réfléchir mais pas dans un élan de questionnement d’ouverture ; plutôt dans celui d’une certaine paresse. Certes le chemin vers la fin d’une œuvre, qu’elle soit cinématographique, musicale ou autre n’est jamais aisé à déterminer par celui qui l’engendre ; pourtant ici, tous les éléments étaient réunis pour faire jaillir ce quelque chose qu’à la lecture du synopsis on croyait entrevoir.

DouceDib
7
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le 28 janv. 2016

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