A beautiful method
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S’il fallait tout d’abord résumer l’esthétisme de ce film, on retiendrait une atmosphère souvent floue; entre l’obscurité, le brouillard quasi permanent, et le plaisir que prennent quelques rayons de soleil à s’inviter dans les plans d’Alice Winocour, qui les voulait certainement oxymoriques. Tout est contraste – donc bien défini – mais pourtant tout est paradoxal: la clarté des personnages souvent porteurs de cette petite noirceur dérangeante. Sans parler du décor que constitue l’institut psychiatrique, avec ce jardin à l’abandon, renforçant la lourdeur de l’hiver, l’esprit glauque et morne que l’on aura deviné depuis le tout début du métrage.
En parlant de ce qui dérange. Alice Winocour traite de l’hystérie à travers son personnage principal Augustine, tout en frôlant toujours l’idée de la possession, d’un trouble de la personnalité. Augustine, merveilleusement interprétée par Soko, à moitié paralysée va être envoyée à la Salpêtrière. De là, sa rencontre avec le Professeur Charcot va être le fond de toile d’une relation trouble entre les deux protagonistes… Le professeur voyant en la jeune femme la possibilité de l’acquisition d’une crédibilité auprès de ces pairs. La jeune femme qui elle, voit en cette figure paternelle la possibilité de son salut, mais pas seulement. La peinture que Winocour choisit de mettre en avant est la relation du corps et de la femme avec elle-même. Soko totalement habitée par Augustine, ne joue plus à l’hystérique. Elle l'est. Les crises de plus en plus évocatrices, Augustine se tordant à la limite de la torture et du plaisir ne sonnent pas faux: on essaie de comprendre pourquoi cette jeune femme à la limite de la folie douce entrelacée d’érotisme subit cela autant physiquement que mentalement. Aussi subitement que l’on a été confronté à ses crises, Winocour va intentionnellement vouloir nous égarer, en prêchant le mystère à la limite de l’extraordinaire sans jamais apporter de réponse claire. Le spectateur décide du pourquoi, grâce au comment que la réalisatrice lui donne comme base réflexive.
En sortant de la séance, on n’est pas spécialement un expert sur l’hystérie pensée comme maladie, mais on a eu un autre point de vue. Celui d’un mal être éphémère ou pas, qui contribuera à une certaine stigmatisation à la sexualité féminine du 19 eme siècle, par une société résolument patriarcale; tout en ayant aperçu une relation qui n’en été pas vraiment, sinon le temps d’une anomie.
Créée
le 28 janv. 2016
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