Voilà trois ans que Rian Johnson s’était lancé dans l’exercice du whodunnit avec A couteaux tirés. Ces films qui tournent autour d’un meurtre et de toute une palette de personnages qu’il va falloir sonder à travers les yeux d’un détective pour lever le mystère. Face au succès du premier film, voilà que Glass Onion a débarqué sur Netflix à la période de Noël.


L’un des facteurs du succès du premier film, c’était Benoit Blanc, le personnage du détective incarné par Daniel Craig, complètement à contre-emploi par rapport au rôle dans lequel la plupart le connaissent : James Bond. Le voici donc qui revient, invité de manière fortuite à une drôle de murder party sur une île privée, organisée par un milliardaire égocentrique et excentrique. Ce sont des personnes aux personnalités bien différentes qui apparaissent à l’écran lors de la séquence introductive, lesquelles paraissent toutefois se connaître, ce qui nous confronte à nos premières questions. Mais nous savons que, dans ce genre de film, il faut laisser les choses suivre leur cours pour que tout s’éclaircisse peu à peu.


On peut concéder le fait que Glass Onion ne fait pas vraiment dans la finesse lorsqu’il s’agit de situer le contexte. Confinement, visios, parties d’Among Us entre amis ou collègues, succès grandissant de la plateforme Twitch, tous les clichés sur la technologie et les tendances de notre temps sont balayées et assénées au spectateur. Souvent avec humour, mais aussi avec un peu de lourdeur. Cependant, il faut faire preuve de patience pour que tout s’installe correctement. Et, plus encore que son prédécesseur, Glass Onion cherche le rire, comme dans une volonté d’être toujours dans une forme de second degré qui vient créer un décalage constant entre la gravité de ce qui nous attend, et ce que l’on observe.


Bien que le whodunnit soit un exercice très balisé, avec ses codes, son fonctionnement, ses clichés, Glass Onion tente toujours de les déjouer. A l’image d’un Benoit Blanc qui casse en trente secondes le plan présumé génial de Miles Bron, qui voulait faire le petit malin auprès de ses amis. Des amis évidemment loin d’être sincères, ce qui va entraîner de nombreuses suspicions et tout un engrenage machiavélique basé sur la cupidité, l’intérêt et la couardise. Comme souvent dans ce genre de film, tous sont coupables, mais il y aura bien des secrets à découvrir pour comprendre le rôle de chacun dans l’histoire. Et, à ce sujet, Glass Onion ne manquera pas d’être riche en rebondissements, dont seule la perspicacité de Benoit Blanc peut cerner les tenants et aboutissants.


Ce n’est pas vraiment dans sa mise en scène que Glass Onion se montrera le plus intéressant, celui-ci devant se concentrer davantage sur des problématiques d’écriture pour que tout le labyrinthe qui mène à sa résolution ne puisse se matérialiser. Mais les amateurs de whodunnit passeront forcément un bon moment devant un film qui prend rarement sa respiration et propose un divertissement sympathique. Avec un côté résolument plus « pop », au second degré plus présent que dans son prédécesseur, avec un Daniel Craig qui s’amuse encore plus également, Glass Onion s’avère finalement efficace, drôle, ludique et prenant, là où on l’attend.


Critique écrite pour A la rencontre du Septième Art

JKDZ29
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Vus en 2022 : On en reprendra bien un peu et Les meilleurs films de 2022

Créée

le 3 janv. 2023

Critique lue 16 fois

1 j'aime

JKDZ29

Écrit par

Critique lue 16 fois

1

D'autres avis sur Glass Onion - Une histoire à couteaux tirés

Du même critique

The Lighthouse
JKDZ29
8

Plein phare

Dès l’annonce de sa présence à la Quinzaine des Réalisateurs cette année, The Lighthouse a figuré parmi mes immanquables de ce Festival. Certes, je n’avais pas vu The Witch, mais le simple énoncé de...

le 20 mai 2019

77 j'aime

10

Alien: Covenant
JKDZ29
7

Chronique d'une saga enlisée et d'un opus détesté

A peine est-il sorti, que je vois déjà un nombre incalculable de critiques assassines venir accabler Alien : Covenant. Après le très contesté Prometheus, Ridley Scott se serait-il encore fourvoyé ...

le 10 mai 2017

74 j'aime

17

Burning
JKDZ29
7

De la suggestion naît le doute

De récentes découvertes telles que Memoir of a Murderer et A Taxi Driver m’ont rappelé la richesse du cinéma sud-coréen et son style tout à fait particulier et attrayant. La présence de Burning dans...

le 19 mai 2018

42 j'aime

5