PNL · · · — · · · Kubrick

Ggarine à la base, c'est une affiche et une bande annonce aguicheuse: Lyna Khoudri aussi resplendissante qu'à son habitude, des ciels, des astres, la cité. Mais ce genre d'images, très souvent, c'est des fan art ou des inspirations qui n'ont pas le budget pour être concrétisées. Que se passe-il lorsque le film voit le jour?


Et bien c'est fort dommage. Parce que l'idée du film est très ambitieuse. On le comprendra vite au visionnage, deux axes sont principalement travaillés: une thématique sociale, une thématique astrale. Mais je dois dire qu'avec cette magnifique scène introductive et la scène de l'éclipse, j'ai cru au projet, à une relative symbiose: on voit la cité, les rotations de plan, ce plan séquence où l'on suit la vie à différents étages de l'immeuble, jusqu'au sol avec les enfants et ados, une alchimie de groupe se crée, ça danse, ça communique... Puis plus rien.


Et c'est le principal problème de Gagarine: c'est plein de bonne volonté, c'est original mais ça ne parvient pas à ses fins. À vouloir traiter de deux sujets aussi pointus en même temps, on a l'impression d'assister à un double échec. Parce qu'autant sur la thématique du logement social que spatial, de nombreux films ont été faits, de nombreuses images ont intégrées la culture populaire. Ce n'est pas une mauvaise idée en soi de proposer un parallèle entre ces deux sortes de récit, surtout que le champ métaphorique ouvert n'est pas absurde. Mais avec cette faiblesse de réalisation (manque d'expérience peut-être?), il aurait sans doute fallu s'engager dans une seule voie, car cette cité, on y croit moyennement avec aussi peu de scènes de groupe (alors qu'on veut nous en parler comme en témoigne le début). Et pour tout ce qui a trait à l'espace... bah c'est traité poétiquement quoi. Donc on voit de jolies images, intéressantes et même nécessaires d'un point de vue symbolique et de recherche sur ce que le cinéma peut créer comme symbole, mais assez maladroite.


Il manque peut-être de finesse d'écriture pour joindre les deux bouts... Relier PNL à Kubrick (les noms sont choisis pour que vous cliquiez sur ma critique, aucun rapport avec le film) n'est pas un objectif atteint par notre cher Youri. Mais il appelle au secours depuis Gagarine. Et au final, même ça c'est raté... Parce qu'on a un décalage très important entre l'enjeu (la destruction de la cité) et la réalisation cosmique avec de longues nappes électroniques en bande son, avec une sorte de montée de suspens qui n'aboutit à rien.


J'ai été entièrement négatif dans mes propos alors que le film reste sympa par moments. J'ai beaucoup aimé les passages avec Lyna Khoudri (elle est vraiment merveilleuse) et les femmes en général, comme celle qui a pris Youri sous son aile. Elles parviennent à dégager un sentiment de communauté très touchant... qui aurait mérité d'être bien plus développé! Pareil pour la famille rom, ça aurait été trop bien d'en savoir plus sur eux! Mais bon, au-delà de tout ce qui ne va pas, on a les prémices d'un cinéma qui cherche à créer de nouvelles formes. Et pour cela, il vaut quand même le coup d'oeil!

morenoxxx
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le 1 mai 2021

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morenoxxx

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