Le souci, souvent, avec les films de la Lion's Gate, c'est qu'on a l'impression de se jeter dans la gueule du loup. Il y en a toujours un en tout cas, ce qui donne un sentiment mitigé.


En témoigne, par exemple, ce Fortress, premier volet d'une saga qui restera à l'état de dytpique.

D'une part, il déroule un scénario intéressant bâti sur une série de mystères dévoilés tour à tour au compte et joue agréablement avec plusieurs références, entre Le Prisonnier, Die Hard 1 et 5 ou encore la série LOST. L'antagoniste principal s'amuse à mimer les Hans Grüber, ses hommes de mains sont charismatiques, les héroïnes et l'unique adversaire féminins sont puissantes et sexy. Et, surtout, on assiste comme à un passage de flambeau aussi drôle, inattendu qu'émouvant entre Bruce Willis et le méconnu Michael Sirrow: deux simili-McClane pour le prix d'un sur l'affiche.

D'autre part, toutes les bonnes idées du scénario, tous les bons inserts et autres effets d'immersion, jusqu'aux belles touches comiques sont hélas mal amenées. Les renversements de cuti de certains personnages sont tels qu'ils en deviennent invraisemblable et le sex-appeal de certains personnages féminins n'est justifié que d'une manière superficielle. Certaines surprises tiennent du stéréotype pris au premier degré. Les effets d'immersion qui se veulent déstabilisants tranchent avec les séquences qui les entourent et jurent malgré leur belle qualité. Qualité que l'on ne retrouve pas dans tous les effets spéciaux qui, eux, parfois apparaissent bon marché même à l'oeil qui ne cherche pas à s'en rendre compte. Et surtout, l'excellent Michael Sirrow est sous-exploité au regard du Bruce Willis des débuts dans Piège de cristal.


Car là réside le principal défaut de ce film: Fortress tient d'un mélange entre l'excellent premier Die Hard et l'immonde dernier Die Hard. Le tout dans un Jurassik Park pour espions séniors à la retraite ... assez vite vidé de ses dinosaures, Bruce Willis et Shannen Doherty exceptés. Si l'on prend plaisir à retrouver le héros des films d'action des eighties et la vedette des trilogies du samedi de M6, ce plaisir est partagé tant ils semblent en bout de course, hélas. Bruce Willis, quoique bien doublé en version française par Stefan Godin (plus connu pour la web-série ChronikFiction et son rôle de coroner flegmatique), n'est plus que l'ombre de lui-même. Ne serait-ce parce qu'il a perdu sa voix française, Patrick Poivey avant de perdre en bonne partie la sienne propre. Amusant en début de métrage, il sombre petit à petit dans la seconde, sous-exploité ou déjà trop pressé jusqu'à la dernière goutte. Shannen Doherty n'est plus la jeune sorcière d'antan et, si elle semble beaucoup s'impliquer dans son rôle, n'est pas aidée par l'écriture de son personnage et par les costumiers: qu'est-ce que c'est que cette gradée en uniforme sans chemise qui se plaint de ne plus voir le soleil ?


En conclusion, un sous-RED, un Die Hard 6 low cost, qui part pourtant d'un bon argument et qu'innervent à le rendre malgré tout plutôt prenant et plaisant des comédiens et comédiennes jusqu'auboutistes.

Fortress a le charme d'un film de débutant.

Frenhofer
6
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le 11 juil. 2022

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Frenhofer

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