Je fais grâce du comparatif avec la « Marguerite » de Giannoli sorti l’année passée au sujet similaire dont la faille principale se révèle avec le film de Frears. Cette histoire est typiquement anglo-saxonne dans son contexte, et donc de fait déplacée dans la manichéenne société française bourgeoise des années 20, trop coincée ou trop extravertie et où Marguerite n’aurait pu trouver une place.


Revenons-en à « Florence Foster Jerkins », véritable friandise acidulée. Stephen Frears joue ici sur du velours. Le sujet avait tout pour le séduire, il y trouve matière à se moquer d’une société bling bling qui toutefois le fascine, de naviguer comme il affectionne entre comédie légère et par instants sombrement dramatique et surtout lui laisse libre cours pour reconstituer fastueusement une période de l’histoire qui le touche, tant au niveau technique que celui de l’étude de caractères. Le référentiel de sa filmographie étant ici « Madame Henderson présente ». Les deux films sont très liés.


Frears n’est jamais aussi bon que lorsqu’il peut s’appuyer sur des acteurs de poids, Meryl Streep en l’occurrence (un poil trop cabotine), également Hugh Grant (qui trouve l’un de ses meilleurs rôles, en même temps ce n’est pas très difficile) et surtout le mémorable Simon Helberg qui dégage un charisme extraordinaire.


Si la mise en scène est des plus conventionnelles, ce qui convient tout à fait à ce genre de biopic, elle n’en est pas moins rutilante et bien rythmée entre rires et apitoiement. Le destin de Florence faisant subir depuis toujours à son encontre une terrible injustice (mariée trop jeune, maladie, hypocrisie ambiante, esprit limité). Et si Frears ajoute à ce destin contrarié quelques détails mélodramatiques il ne s’éloigne jamais trop du modèle original.


Bref le film se tient fort bien. Mais là où on peut décréter l'excellence, c’est bien avec la partition d’Alexandre Desplat. Du leitmotiv aux trois temps mélancoliques aux notes alertes des différents accompagnements de scènes, la musique s’inscrit comme un vrai ressort narratif. Les ombres de Nino Rota ou de Henri Mancini planent sur ce qui est à ce jour l’une de ses meilleures compositions.




La musique c'est ici : https://www.youtube.com/watch?v=FUAE4wHjiGw

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le 2 août 2016

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Fritz Langueur

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