‘Fogo-Fátuo’, ou ‘Feu Follet’ en français, est à l’image de la programmation du BRIFF (Brussel International Film Festival) auquel j’ai eu la chance de participer. Le film est intéressant, audacieux dans son projet mais qui peine à réellement concrétiser ses intentions. Face au film, le spectateur est parfois amusé mais souvent médusé, parfois surpris mais souvent consterné.


Sur son lit de mort, Alfredo, roi quasiment détrôné, est ramené à de lointains souvenirs de jeunesse et à l'époque où il rêvait de devenir pompier. La rencontre avec l'instructeur Afonso, du corps des pompiers, ouvre un nouveau chapitre dans la vie des deux jeunes hommes voués à l'amour et au désir.


João Pedro Rodrigues se permet toutes les audaces que ce soit sur le fond comme sur la forme. Il y a des regards caméra, des ruptures de tons, des adresses aux spectateurs, une chorégraphie. Il présente son film comme une « fantaisie musicale ». L’aspect musicale est là. Elles se succèdent et sont variées, de la Flûte enchantée de Mozart à un standard d’Amelia Rodrigues. L’aspect fantaisie pose plus de question. La fantaisie est une alliance entre la liberté, l’originalité et la légèreté. La liberté est là assurément puisque le metteur en scène se permet tout. L’originalité, pourquoi pas. Je n’ai pas le souvenir d’avoir vu un tel film. En revanche, le film manque quand même beaucoup de légèreté.


Le film est franchement plombé par sa lourdeur et sa complaisance. On a l’impression que Rodrigues a trouvé toutes ces idées brillantissimes et qu’il n’en a retiré aucune. Fallait-il absolument montrer le désir brûlant de ce roi pour son collègue pompier par une scène de 69. J’admets avoir souri les premières secondes. Je me suis amusé du culot du metteur en scène et je me suis dit que les Portugais n’avaient aucune pudeur. Et puis j’ai trouvé ça pénible. Car le problème de ces scènes censées être originales, osées, sont systématiquement trop longues. La chorégraphie est interminable. La scène du 69 tombe dans la vulgarité, et la complaisance. La question qui se pose est la suivante : à partir de quand arrête-t-on une scène ? João Pedro Rodrigues n’a clairement pas trouvé la réponse.


J’ai par ailleurs ri à certains moments car le réalisateur se base sur des éléments comiques parfois plus classiques comme des personnages dont les traits ont été dessinés à l’extrême proche de la carricature. Il y a la mère sévère, la cheffe des pompiers bien potelée et dictatoriale, il y a les deux grenouilles de bénitier.


Malgré tout, j’ai trouvé le visionnage du film assez difficile malgré cette promesse initiale de « fantaisie musicale ». On a l’impression qu’on n’a même pas vu un film mais plutôt une ébauche ou comme le disent les impayables et snobissimes Inrockuptibles, « un objet ». Un objet, peut-être mais probablement pas un film.

Noel_Astoc
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le 15 juil. 2022

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Noel_Astoc

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