Dialectique historico-psychanalytique de Fatal et sociologie collective

Fatal a été pour moi une surprise. Je me questionnais sur le talent de Youn, sur sa suffisance, son existence, sur la maladie qui ronge le talent autrement appelé le culot. Quoi de plus normal de baisser sa culotte pour paraître culotté.
Bref. Je me questionne sur Youn comme je ne me suis jamais interrogé sur Andy Kaufman.

Je m'interrogeais sur sa grâce.
Et la grâce dans notre monde, certains la confondent avec le statut, la reconnaissance, le pompon de la foire ou même l'ostentation matérielle d'une richesse. Pour ma part, je n'ai pas trouvé de grâce chez Youn parce qu'il ne pratique pas le sport de l'humour mais celui de l'opportunisme.
Je n'ai pas trouvé de grâce jusqu'à ce personnage de Fatal. Youn est allé au bout de son univers. Un personnage entier, un imposteur tout comme Youn. Des tubes en vrai, les gens les ont achetés en masse... Je crois qu'on avait rarement assisté à une dérision poussée aussi loin...

Après, que la grande majorité des gens ayant acheté Stach-Stach ou Fous ta cagoule ne comprenne pas le message qui est sous-tendu en arrière-plan, c'est aussi dramatique qu'alarmant.

Après, que Youn lui-même se joue de la morale en passant tour à tour du second degré au cynisme avec son personnage, on peut trouver qu'il bouffe à tous les rateliers mais alors... je dirais que cela fait parti du personnage et qu'à ce titre, il peut tout se permettre (oui, je sais c'est terrible).

Alors, comme Youn n'a aucune grâce, il l'a trouvé avec un personnage disgracieux - ce qu'il sait faire de mieux.

Fatal est l'aboutissement d'une oeuvre et le film en lui-même est le reflet de l'effort fourni qui, s'il est comparé à Tartuffe, trouve tout son sens. A mon sens, Youn est allé exploiter un filon que rares sont ceux qui sont prêts à le faire et que, d'un autre côté, je distingue l'oeuvre et son auteur. Autrement dit, il a construit quelque chose de durable, de profond ou de trivial. Que les spectateurs ne partagent pas ce point de vue ou ne l'ait pas vu avant, je n'en suis pas étonné.

Pour autant, ce n'est pas un préjugé que de penser qu'on a rien à attendre d'un tel trublion mais, dans le cas de Fatal, c'est tout le miroir de la société qui est alors amusant. Au final, moins par goût du cinématographe que celui de la perversion, on peut dire que j'aime Fatal comme j'aime le personnage de Rocky par Stallone. Etonnant non ? ... Pas tant que ça !

Après un tel fond, très riche, très fort, très efficace, je n'ai que peu à dire sur la forme : je regrette juste que cela patine avec les changements de décor ; les connexions entre les périodes et l'humeur du "héros" n'ont aucune fluidité. C'est assez brutal, ce Fatal.

Merci à Aurea pour avoir accouché cette critique.
Andy-Capet
6
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le 21 nov. 2012

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Andy Capet

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