Nanard horrifique ?

À 20 ans, tu faisais quoi, toi ? Tu suivais tes études en licence, pepouze, sans te prendre la tête à penser à l'avenir ? Tu glandais chez toi en slip en matant des séries ? Tu essayais de faire du cinéma avec ton téléphone comme dans le spot promo de Apple ?

Ben à 20 ans, Sam Raimi, il a pas que ça à faire, tu vois. Lui, il veut être quelqu'un dans le monde du cinéma, et pour son premier film, il veut de l'horreur, du gore à l'excès. Il veut réaliser un mélange de violence nanardesque et de références lovecrafienne recrachées.

Alors, il prend ses potes, sa Oldsmobile Delta 88, le chalet des grand parents de son producteur.

Et hop, en douze semaines et à peine 300 000 dollars de budget, il te fait un classique du cinéma d'horreur, comme ça, sans se fouler.

Le nom du film ? Evil Dead.

Pourtant, le film est d'emblée nanard, voire parodique dans son approche d'un genre désormais surchargé : un groupe de potes un peu cons qui décident d'aller en vacances dans un vieux chalet dans la forêt, on va pas se mentir, ça sent la redite un peu nullasse. Mais c'est justement là où le film va briller : par sa surenchère constante de gore cartoonesque, par ses personnages plus bêtes les uns que les autres, par sa stop motion iconique...

Le surjeu des acteurs et leur tête d'ahuris ? Voulu et assumé. Les effets visuels un peu cheap ? En roue libre, et c'est ça qu'on aime justement.

Tout le film suinte le "too much", avec ses zombies sataniques qui ne meurs jamais et ses entités démoniaques qui virevolte autour de la baraque, ce qui lui confère une aura de film popcorn exquise. Ça se regarde entre potes avec plaisir, ça devient le film de soirée idéal, et tout ce que l'on voit au premier abord comme convenu devient tout d'un coup prétexte à volontairement s'en moquer.

Evil Dead, où le film qui deviendra automatiquement ta madeleine de Proust.