Evil Cult
6.2
Evil Cult

Film de Wong Jing (1993)

Depuis hier, je m’attaque à la filmographie de Jet Li, et naturellement je pensais voir en premier les plus réputés, mais après avoir peu apprécié un de ses plus fameux, à savoir Il était une fois en Chine de Tsui Hark, j’ai préféré poursuivre avec un bien moins connu : Evil cult. Il figurait déjà dans mes envies parce qu’il a été co-réalisé par Wong Jing, le malade à qui on doit ces énormes délires que sont Future cops et Sixty million dollar man. Je ne m’attendais pas à une œuvre aussi barge, mais étant donné que le second réalisateur n’est autre que Sammo Hung, collaborateur régulier de Jackie Chan, j’espérais quand même un spectacle d’un certain niveau.


Concernant les films d’arts martiaux, j’ai une grosse préférence pour ceux qui appliquent ces techniques de combat dans un contexte moderne, j’aime un peux moins les films d’époque, et encore moins ceux avec une dose de magie et de fantastique, où les héros s’envolent au bout de câbles. Il y a des exceptions, quand c’est bien fait, par exemple Last hurrah for chivalry de John Woo ou Tigre et dragon.
C’était quand même mal parti pour Evil cult, qui rentre dans cette dernière catégorie. Eh bah putain, tout ce que je déteste dans ce genre particulier est réuni en ce film.
Les grands maîtres sont tous des vieux sages avec des couples et des gueules risibles, dont même les sourcils font un mètre de long.
Les méchants annoncent leur arrivée d’un ricanement tonitruant avant de jaillir de nulle part, tournoyer dans le ciel, et sauter de partout. En accéléré, en plus. Parfois entremêlés à des ralentis de plans flous. Souvent la même action est répétée, mais vue sous des angles différents.
Autant dire que l’action est très brouillonne, le montage est très cut, c’est plein de gros plan et de changements d’angle pour un résultat chaotique optimal. C’est une chance quand on arrive à comprendre quelque chose.


Et puis tout le monde fait usage de magie, et on leur découvre à chaque combat des pouvoirs qu’on ignorait : soudain quelqu’un est capable de faire exploser un objet à distance d’un mouvement de la main, de projeter des boules d’énergie, ou d’autres trucs indéfinis.
Wong Jing ne s’interdit rien, la seule limite c’est ce que permettent les effets spéciaux, ainsi on a une femme avec une épée qui projette des rayons lumineux en dessin animé, un type qui éclate de rire avant de se tuer en faisant éclater son torse dans un jet de sang, un énorme rocher façon Indiana Jones, mais qui flotte, et avec un homme attaché dessus (???)
Ces effets ridicules sont à la limite de la parodie… sauf que ça se prend au sérieux. J’en suis venu à en douter à un moment, mais la musique dramatique sur certains passages indique clairement les intentions.
Ce n’est pas comme Future cops, où les effets de mise en scène et les pouvoirs des personnages étaient volontairement débiles.
Et dans Evil cult, ça n’arrête pas ; les personnages lévitent ou font péter des trucs sans raison valable parfois.
J’en suis venu à être soulagé quand les combats étaient courts, parce que lorsque ça traîne, c’est un gros bordel qui devient vite lassant.
Mais bon, les combats, c’est un peu la raison qui pousse à voir un film pareil au départ…


L’histoire était plutôt intéressante par contre. Une légende veut qu’un couple ait créé deux sabres dans lesquels ils ont placé tout leur savoir, et deux clans s’affrontent depuis pour récupérer ces armes. Un homme et une femme, membres de chaque groupe, récupèrent un des sabres, mais ils emportent le secret de sa cachette dans leur tombe lorsqu’ils se tuent pour échapper aux convoiteurs. Leur fils grandit avec l’idée de se venger.
En revanche, la narration est un peu paresseuse ; peut-être le film devait-il être plus long à la base, car tout le début par exemple nous est simplement résumé.
Evil cult se montre dense par ses nombreuses intrigues, mais ça a dû se retourner contre lui, car il y a finalement trop à raconter en moins de deux heures. Finalement, le scénario part un peu dans tous les sens ; les flashbacks et digressions essentielles à l’histoire se font courts, et le traitement de certaines idées est expédié. Le héros, lorsqu’il était enfant, a été marqué par un ennemi (ce qui se manifeste par une trace de main sur son ventre et un rayon vert projeté sur son visage de temps en temps…), mais on n’en joue pas pour créer un sentiment de danger. Le personnage ne devient fiévreux qu’une seule fois, avant d’être définitivement débarrassé de son affliction.
Les dialogues sont aussi très cons, ça se traite de "gras double" ou de "fils de pute", et il y a une bonne dose de blagues scabreuses, souvent douteuses, d’autant plus qu’elles arrivent comme un cheveu sur la soupe. Au milieu d’une séquence sérieuse, il peut y avoir une blague sur le viol, sans prévenir.


J’ai pu tenir qu’une heure environ. Je m’ennuyais, et je voulais sauter des passages… mais je ne voyais pas où reprendre. Ni l’histoire ni les combats ne m’intéressaient, alors qu’est-ce qu’il restait ?

Fry3000
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le 29 juin 2016

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Wykydtron IV

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