Une belle assiette avec pleins de bons ingrédients, mais trop cuit !

Quand on me parle de cinéma soustractif, généralement je lève les yeux au ciel et je me dis que j'ai encore à faire à cinéaste qui à posé une caméra sur un pied avant d'aller prendre un café. Et il est plutôt rare que je sois happé par ce type de cinéma... et pourtant En avant, jeunesse ! à réussi à me surprendre. Mais je me demande si c'est suffisant ?


D'abord la mise en scène et l'esthétique :
une esthétique photographique appuyé qui montre une mise en scène maîtrisé et techniquement réussi. Le travail de contraste par petit halo et rayon de lumière dans certains environnement est super bien pensé, surtout quand on l'oppose à la blancheur d'autres lieux tel que les hlm tout neuf. Les grands angles sculptent bien l'espace qui emprisonne les personnage (parfois perdu dans dans cadre trop grands) et à l'inverse les insert en focale moyennes ou longue permettent de s'attarder sur l'émotion des personnages. La fixité est un ressort qui se justifie tout à fait dans l'esthétique et l'esprit du brave Ventura, mêlant questionnement, perdition et errance. Les quelques mouvement sont souvent étrange (un panoramique au début et un traveling à la fin). La plasticité des décors et des costumes travaillent souvent une forme d'ambivalence, qu'il s'agisse d'un costume jurant avec un lieu de précarité ou inversement. Le costume du personnage principal alternant entre saleté affiché et propreté exemplaire montre la difficulté du personnage de convenir correctement l'être et le paraître. Et enfin le travail sur les ombres et toujours très prenant, car très marqué. Projetant souvent un inquiétante silhouette derrière les personnage, elle pourrait figurer l’intangibilité de l'image qu'ils ont d'eux même (notamment celle du père et du mari Ventura), à la fois moteur et menace du désir d'être celui qu'on espère.


Narration et écriture

Alors là par contre... j'ai aucune idée de ce qui s'est passé. Les dialogues sont parfois d’une précisions millimétrique sur les thèmes abordé et la direction de celle-ci que je ne saurais dire si c'est une improvisation de génie ou des textes bien appris. Il en ressort des dialogues très étrange, ou des monologues racontant une histoires passé à la façon d'un conte. Et c'est une belle façon de déployé l'imaginaire par le récit. On s’amuse à s’imaginer les histoires farfelues d'accouchements ou de travail que nous narre les personnages. Nous permettant à la fois de gagner en empathie pour eux tout en nous exposant clairement leurs enjeux.QU'il s'agisse de Ventura ou des autres personnages, une ambiance de confession se dégage de certaines déclaration, révélant le besoin et le pouvoir libérateur de l'échange. Sans jamais émettre de jugement de valeurs, on sent néanmoins l'émotions qui transparaît derrière leurs discours. Un propos politique sur la pauvreté et les marginaux s'en dégage, appuyant les problématiques sociales et économique que les personnages ont vécu.
La narration quant à elle est très étrange, se constituant comme un tout sensible et signifiant composé de morceaux de vie en apparence anodine. Le récit n'a pas vraiment de début ni de fin, mais raisonne plutôt comme une successions d'unités ayant chacun un sens propres mais une fois imbriqué dans l'ensemble en crée un nouveau.
Le père perdue, trouvant en chaque personne qu'il croise un nouveau fils ou une nouvelle fille est assez bien amené. puisqu'il semble plus apprendre d'eux qu'à l'inverse.


Le temps
Depuis tout à l'heure je n'ai relevé que les points positifs qui m'ont touché, car les points négatifs en termes de narration et de mise en scène sont pour moi négligeable au regards de ce que ces mêmes éléments apporte. Le seul point de ce film qui ne m'a pas plus c'est le temps. Le temps est une matière à pétrir autant que l'image et l'écriture. Qui plus est cinéma, où le corps premier de l'objet filmique se situe dans l'intervalle entre deux coupes (qu'elle soit décidé sur le tournage ou au montage) et comment ses intervalles réagissent entre elles. Si le cinéma d'action et les blockbuster n'arrête pas de nous rappeler qu'un montage trop agressif est vite écœurant, ce film me montre la même chose en ce qui concerne les temps longs.
Parce que regarder et écouter une image c'est de l'attention. C'est se concentrer sur tout les éléments que l'image nous donne. Une image trop longue, on en fait vite le tour si belle soit elle. Et là si le texte ou la musique ne brillent pas l'attention s'envole. Et quand c'est bien fait, les temps long ne me gênent absolument pas en soi. Que ce soit chez Tarkovski ou chez Hong Sang Soo, car il y a quelque chose qui dépasse l'extase visuelle.

Et c'est un défauts majeur de ce film, on fait vite le tour de ce que l'image a à nous apporter. Et même si les dialogues sont parfois très prenant (Notamment ceux de Vanda), il y a des moments où le temps passé sur l'image ne nous donne rien de plus que ce que l'image nous apporte. Je repense souvent à la scène de la tarte dans A Ghost Story (David Lowery, 2017) et à quelle point le temps y était frustrant. On attends qu'il se passe quelque chose, on y attends l’interaction ou l'explosion... le temps y est générateur de tension, et d'émotion. Dans En avant, Jeunesse le temps est par moment vide et n'exprime rien de plus que ce vide dont il est précisément question.


C'est comme en cuisine, on a beau avoir les meilleurs ustensiles, et les meilleurs ingrédients, le temps est celui qui compte le plus. Le temps au four ou sur le feu.
Pour un film c'est pareil, on a beau avoir des acteurs prenant et des thématiques forte, si le temps long n'apporte rien d'autre que sa longueur c'est comme laisser un plat trop longtemps sur le feu... c'est trop cuit.

JJrenger
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le 30 nov. 2020

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JJrenger

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