Avec Empire of Light, le changement de registre de Sam Mendes, après 1917, peut sembler surprenant mais il n'en témoigne pas moins d'une certain ambition formelle, sa photographie superbe en représentant, à l'évidence, son meilleur, atout. Dans ce film, écrit seul par le cinéaste, comme un hommage à sa mère bipolaire, le choix de situer l'action dans un cinéma Art déco de la côte anglaise, au tout début des années 80, installe un cadre nostalgique qui semble s'inscrire dans une tendance récente à célébrer le cinéma comme art collectif (menacé aujourd'hui par les plateformes) et consolation magique à la rudesse de la vie réelle. Si Empire of Light n'est pas comparable à The Fabelmans de Spielberg, ce n'est pas seulement parce qu'il ne s'agit pas d'une autobiographie mais c'est également à cause de la difficulté qu'a Mendes à choisir entre plusieurs de ses thématiques : la romance centrale, un peu artificielle, le racisme ambiant (clin d’œil évident au monde d'aujourd'hui) ou encore la précarité mentale de son héroïne. A vrai dire, si le film séduit par son élégance, il a plus de mal à convaincre par un scénario qui aborde donc plusieurs sujets, en tentant de les faire cohabiter, quitte à les édulcorer en forçant sur les soubresauts narratifs, sans réussir à sortir d'une certaine torpeur, sauf le temps de quelques scènes saillantes. Pour autant, le long-métrage reste plaisant et confortable, animé par le jeu tout en nuances de l'excellente Olivia Colman et la belle prestation du prometteur Michael Ward.

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le 7 févr. 2023

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