J'avais très envie de le revoir.
C'est un film doux, d'une douceur terrible. D'une langueur infinie. Court, précis, dense. Dont les mouvements semblent chacun éternels...
Le programme du film est simple : une caméra suit, de dos, des personnages avancer. Au bout, un bruit. Le bruit d'une gâchette. Ellipse, et ça recommence, ça continue. Ca suit, de dos, un personnage qui avance, jusqu'au bruit. Et ainsi de suite.
Ce n'est pas un film intellectuel, c'est un film sur le mouvement. Le mouvement d'une désespérance, d'une fatigue, d'une lassitude et d'une colère peut-être. Qui n'explique rien, parce que tout à été dit, et que le cinéma, dans sa pureté, sert bien à cela après tout : à montrer. Ne rien dire sinon montrer.
Alors Gus Van Sant montre, avance, puis revient sur ses pas. Montrer, montrer, montrer. Montrer, c'est commencer à comprendre.
"Elephant" est ce film qui invite à comprendre. Il agit comme la source de cette invitation. A l'écran, il y a ce mouvement, fluide, terrible, beau et étrange, derrière il y a tout le reste (le regard du spectateur, les journaux, la télévision, les théories, les explications, les hommages, les enquêtes, le mystère des tueurs, les potentiels responsables indirects, Bush, Manson, les jeux vidéos). Et entre tout ça, abstraite et sublime, il y a une barrière. Celle qui nous sépare et nous relie à la fois à un chef-d'oeuvre.
Car "Elephant", dans son mystère, dans son secret, est bien cela : un chef-d'oeuvre...
B-Lyndon
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le 8 déc. 2013

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B-Lyndon

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