Expérience insolite

Réalisateur atypique disposant d’un style authentique sur la mise en scène et d’un sens du rythme spécifique, Gus Van Sant est une figure importante du cinéma en offrant, à chaque long-métrage, quelque chose d’inédit et un regard nouveau.

Loin d’être un de mes réalisateurs favoris, néanmoins il sait se renouveler et j’apprécie ses quelques prises de risque ainsi que son ouverture d’esprit en laissant, de temps en temps, libre cours à ces acteurs quant à l’improvisation de certaines scènes. Je pense à My Own Private Idaho que j’avais bien aimé, le trouvant, en plus de ça, sombre et insolite dans son traitement de l’histoire principalement.

Ici, avec Elephant, Van Sant nous livre un film froid et une histoire d’un réalisme frappant sur une période de la vie compliquée (adolescence) où l’on se cherche beaucoup soi-même, on se questionne aussi sur les autres, et ou règne divers états ou sensations de l’individu comme la solitude, la pudeur, la gêne (se sentir bien dans son corps par exemple), la peur (du regard des autres, des moqueries), l’amitié, réelle ou fausse.
Le sujet en question est traité admirablement par Van Sant qui nous dépeint une représentation réaliste du système scolaire et social (hypocrisie des relations, obligation d’être comme tout le monde pour ne pas se sentir inférieur par rapport à la masse, être formaté pour réussir au lieu de se démarquer, d’être différent et d’avoir sa propre personnalité).
S’en suit une réalisation simple et sans fioritures mais non académique et linéaire comme la plupart des films récompensés.
Son rythme lent ne dérange pas ici.

Evidemment, à première vue, la durée du film (1h15) et le synopsis aurait pu nous faire croire que le film est accessible pour chacun d’entre nous. Or, ce n’est pas le cas. Faut vraiment aimer ce style là.
J’ai lu des commentaires comme quoi Elephant était « sans vie, vide… ». Justement, ce film c’est la vie (enfin un moment de vie en tout cas) sans être romancé, sans rien de plus.
Après honnêtement, je ne me suis pas régalé non plus mais j’apprécie les messages que fait passer le réalisateur à travers les images, le contenu et les personnages.

Je qualifierais donc Elephant de film expérimental. Une certaine froideur se dégage de l’ensemble sans que les émotions disparaissent complètement. La scène finale le prouve avec à la fois un sentiment de tristesse et d’impuissance devant tant de lâcheté de la part des deux protagonistes, eux aussi prisonniers et victimes de ce système qui rafle tout sur son passage.

Un bon film, à voir au moins une fois.

Note générale : 7/10