Où on imagine "une" genèse de Cyrano

Le film est l'adaptation en 2019 au cinéma de la pièce éponyme écrite et mise en scène par Alexis Michalik.

Il s'agit de l'évocation vaudevillesque et romancée de la création de la célébrissime pièce d'Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac. Je ne sais pas du tout quelle est la part de vérité de ce qui y est décrit. En effet, on a l'impression que le jeune Rostand n'a dû son inspiration qu'aux autres puisque le fil de l'histoire ou les répliques légendaires ne lui ont été que soufflées ou suggérées. La veille de la générale, tout n'était pas encore écrit, les rôles changés à la dernière minute et la mise en scène pas encore complètement finalisée.

Personnellement, j'ai un peu de mal à avaler un tel morceau au point que je pense que ce n'est qu'un artifice pour mieux magnifier la réussite "incroyable" de la pièce. Le succès phénoménal issu du néant. L'instant d'avant le concert où tous les musiciens accordent leur instrument dans une joyeuse cacophonie avant le spectacle qui, lui, sera parfait. C'est pourquoi, je pense qu'on ne doit surtout pas aborder le film comme un biopic mais plutôt comme une légende. Et on sait bien depuis John Ford, que "lorsque la légende dépasse la réalité, on publie la légende" …

L'atmosphère du Paris de la fin du XIXème siècle est bien rendue même si les décors respirent un je ne sais quoi d'artificiel. Au demeurant, puisque nous sommes dans la légende, pourquoi pas …

La mise en scène … Pour rester dans l'analogie du concert avec la cacophonie d'avant le début du concert, je trouve finalement qu'il y a la même idée dans la mise en scène de Michalik. On commence par Edmond, tête en l'air ou poète, qui capte au vol les idées avant de les concrétiser dans des bribes de scènes sans queue ni tête, dans un café, dans la rue ou chez lui. Et à la fin, ces bouts de scène s'enchainent et prennent tout leur sens dans la pièce où les acteurs en costume déclament leurs tirades de façon parfaite (y compris l'habilleuse qui assure au pied levé le rôle de Roxane … La légende, quoi).

Il y a du panache (c'est normal !) dans cette façon de faire où la caméra est très mobile pour suivre cette atmosphère un peu dingue dont la fièvre ne cesse de monter jusqu'à la "première".

Côté casting, je dois reconnaître que je ne connais pas les acteurs qui jouent les rôles principaux.

À commencer par Thomas Solivérès qui joue le rôle du jeune Edmond, le poète à qui seuls Sarah Bernhardt et Coquelin croient alors qu'il ne dispose que du titre de la pièce. Son look de jeune premier avec sa petite moustache correspond bien à ce que le cinéaste a voulu montrer dans le film. Le rôle de Coquelin est tenu par Olivier Gourmet que je ne connais pas non plus.

Quelques têtes plus connues dans les seconds rôles : Clémentine Célarié dans le rôle de Sarah Bernhardt, Dominique Pinon dans le rôle du régisseur, Simon Abkarian dans le rôle du proxénète, …

Au final, "Edmond" est une comédie plutôt originale pour faire "une" genèse de l'œuvre la plus populaire du théâtre français, l'équivalent du Don Quichotte pour les espagnols. Pour ce faire, il fallait peut-être bien passer par quelque chose d'un peu déjanté pour parvenir au chef d'œuvre !