Sur le papier l’idée semble bonne : faire revivre le début de la musique électronique dans les années 90 à travers un duo d’ami DJs (les « Cheers »). Malheureusement sur grand écran, ce n'est pas complètement réussi. Mia Hansen Love nous présente un Eden qui ne rappelle en rien ce lieu de délice et de jouissance tel qu’il est décrit dans la Bible, tant le plaisir manque pendant la projection.

L’histoire s’inspire de la vraie vie du frère de Mia, Swen Hansen Love, véritable acteur et spectateur de l’âge d’or des soirées parisiennes électroniques des années 90. Pendant plus de 2h20, elle retrace son parcours à travers le personnage de Paul (Felix de Givry). Ce musicien passionné voir obsédé, enchaîne les histoires d’amours ratées et oscille en permanence entre euphorie et mélancolie. Et celui de son ami Stan (Hugo Conzelmann), autre moitié du duo « Cheers ». On assiste alors à la véritable ascension du groupe, plongés dans les folies et autres dangers du monde de la nuit.

Malgré une bande son réussie et plutôt bien sélectionnée (on regrette cependant l’omniprésence des Daft Punk, un peu trop convenue), le film peine à nous faire entrer dans l'univers électronique french touch tant promis. Les scènes se succèdent et se ressemblent, sans intérêt singulier. Les dialogues sont douceâtres et participent à nous faire sombrer petit à petit dans un état soporifique. L’amour, la vie, l’amitié, la mort tout y passe et le spectateur trépasse : tant chaque sujet est abordé superficiellement.

Drogue, alcool et sexe ne sont que partiellement évoqués, dans un univers que l’on sait bien loin des Bisounours. La disparition soudaine de l’addiction de Paul aux drogues en est sans doute le parfait exemple. Tout cela est à l’image de son personnage, totalement bancal. Des incohérences, nombreuses, qui composent l’ennui. Ce grand gamin, incapable de prendre sa vie en main est témoin de son propre déclin. Semblable à celui de la musique garage au fil de ces fameuses années. Il passe d'ailleurs la deuxième partie du film à courir après son paradis perdu, contraint de toujours s’endetter et à vivre dans la précarité, tel ces adultes adolescents que l’on aurait bien envie de réveiller à coup de mandales.

Mia Hansen Love signe avec ce cinquième film, un flashback décevant dans lequel rien ne donne envie de nous dire « One more time ».
Jordieb
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le 17 nov. 2014

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