C'était le 24 juillet 2017. C'était une journée de pluie. Une journée n’annonçant rien de bon. Perdre une journée de sa vie à cause d'un lapin à la con. Attendre trois heures sous la pluie.
Puis vient le radeau de sauvetage : Mon ami qui me prévient qu'il a des places à m'offrir pour aller voir Dunkerque, histoire de sauver ma journée. En 70mm s'il vous plait.
C'est donc avec un peu d'espoir que je me rue à l'autre bout de Paris voir le nouveau film de Nolan dont tout le monde me parle depuis quelques jours.


Fin de la parenthèse. Et bon Dieu que ma tête s'est vidée. Est-ce à cause d'une partie de la bouteille d'Absolut que j'avais dans le sang ? Je ne pense pas.
Car Dunkerque est un film qui prend aux tripes. Est-ce dès la scène d'introduction. Une scène dans laquelle on peut suivre une équipe de quatre hommes, des soldats Alliés, marcher dans une rue de la ville éponyme. Au dessus de leurs têtes, des avions de l'Axe leur balancent des tracts leur rappelant en permanence qu'ils sont pris au piège à Dunkerque, que seul se rendre pourrait les sauver. Puis une détonation. Puis deux. Des détonations à vous percer les tympans. Des pas précipités. Trois des quatre hommes tombent. Le quatrième arrive à se sauver jusqu'à la plage. LA plage. Celle de la vie. La plage, escalier final avant le paradis : la patrie anglaise. Mais avant ça, tel un purgatoire tenu par un Saint Pierre d'une main de fer, la Manche. C'est sur cette mer et cette plage que plus de 400 000 hommes vont être tenus pendant ces deux heures de film.
Ce que je viens de vous résumer de Dunkerque n'est qu'une toute petite partie du film, le film suivent trois timelines parallèles sur la même durée de temps, nous racontant trois histoires différentes, l'histoire de héros. L'histoire de miracles. Trop en dire et révéler le casting serait une erreur. Car le film joue de ça en partie.
Car dans Dunkerque, nous suivons des personnages héroïques pour une action qui ne l'est pas. Fuir n'est pas courageux, comme nous le rappelle cette blague un peu trop connue "quelle est la différence entre les lâches et les héros ?" Et le film réussi à nous surprendre avec ça. Les passages épiques du film sont légions. Tous les choix de ce film sont assumés jusqu'au bout et servent la mise en scène. que ce soit la pellicule pour donner un effet des plus appréciables (j'aime beaucoup la pellicule oui oui), les musiques font certes penser à celles de The Dark Knight ou semblent très simplistes, à base de cordes ou de bruit de chronomètres, rapprochant chaque bombardement, tels des châtiments divins, de la mort de soldats sur des bateaux proches de la maison ou sur cette plage synonyme de faiblesse, de dernier repli. Mais avec ça, le film ne présente pas de héros. Pas de personnage à réellement suivre. Et c'est là que j'ai compris.


Dunkerque n'est pas un film sur la guerre, sur un fait d'arme comme dans un autre film de la Seconde Guerre Mondiale. Dunkerque est un film sur la paranoïa de la mort. C'est pour ça que du film on ne voit aucun nazi. Rien. Juste une forme d'oppression aveugle et brutale. Et devant Dunkerque j'ai vu des hommes. Des masses sans noms. Des visages d'hommes dans la peur constante. J'y ai vu l'horreur de la mort. L'horreur et la peur, sans véritable nom. Des hommes tombants petit à petit. Des hommes voulant survivre.

Urkopia
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le 26 juil. 2017

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