Kristoffer Borgli se permet de sortir deux films en une seule et même année, après un "Sick of Myself" excellent (peut-être la meilleure comédie de l'année ?), on le retrouve dans un style similaire, où l'on y critiquera la "société" (terme galvaudé s'il en est) de manière assez caustique. On y retrouve d'ailleurs un peu l'archétype de ce que j'appellerai celui du "pauvre type", de celui qui n'est rien, mais qui arrivera à gagner en popularité de manière assez cocasse.

La première partie du film est assez classique, avec un ton léger et rigolo, où l'on apprendra petit à petit qu'il apparait dans les rêves des gens. On apprendra dans le même temps à connaitre ce Paul Matthews, qui est un vieux prof raté, qui n'a jamais rien publié, qui se fait voler ses concepts, et qu'on n'invite pas aux diners. Même son rire est peu noble, ressemblant à celui de Dominique Farrugia.

Le film opérera peu à peu un tournant, pour nager dans quelque chose de plus glauque et malsain. Je pense que la scène qui représente bien ce tournant est celle de la reproduction du rêve, sans en dire plus, qui nage entre le gag gras et le malaise dérangeant.

Et c'est là que j'ai trouvé le propos un peu flou et ambigu, mais finalement ça ressemble bien à Borgli d'être tendancieux. Avec des thématiques comme le trauma suite à la torture, l'ostracisme, ou la récupération politique ou marketing. D'ailleurs, le placement de produit pour une célèbre boisson pétillante semble un peu forcé, alors certes le comique de répétition serait presque drôle, mais parait un peu malvenu. Je pense avoir préféré l'humour de "Sick of Myself", mais le ton ici est plutôt intéressant, avec une passivité du personnage vis-à-vis de sa condition qui le rend d'autant plus triste.

On éprouve une certaine empathie pour ce personnage, où finalement sa vie et son image sont dictées par autrui. On peut saluer la prestation de Nicolas Cage, il est vraiment très fort dans ce type de rôle. La balle perdue pour la France est d'ailleurs assez rigolote, où l'on y renommera d'ailleurs son livre "Je suis ton cauchemar" au lieu de "Dream Scenario", dommage que le distributeur n'en ait pas fait autant pour le film (même si je pense que cela aurait été une mauvaise idée). La fin est d'ailleurs assez mélancolique, et termine l'œuvre assez intelligemment.

Bref, un film assez déstabilisant, quelques scènes et gags bien drôles tout de même, mais toujours une ambiance et un contexte qui met réellement mal à l'aise, même à la sortie de la salle. Mais bon, je suis en France, et pour une raison quelconque, j'adore.

(Vu le 28 décembre 2023 en VOSTFR au cinéma)

Tiflorg
7
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le 31 déc. 2023

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