Retour sur l’île de Beurk. Cinq années ont passé. Nos ados hirsutes ont maintenant du poil au menton. Je passer sur l’aspect technique et artistique qui, une fois de plus, fait mouche. Dans la lignée du premier, un quasi sans faute. Seules quelques scènes d’action difficilement lisibles ternissent un tableau éblouissant.

Je m’attarde sur les personnages et l’histoire, souvent casse-gueule lors du virage qui mène au second opus d’une franchise. On retrouve donc Harold et toute sa bande de joyeux dragonniers. Les visages ont muris, les corps se sont développés. Les dialogues et l’humour pioche dans le registre qui avait fait le succès du frère ainé : phrasé djeun’s et répliques potaches. Le contrat est rempli. Pas de gros fou-rire mais la banane se dessine à maintes reprise. Je suis content de retrouver l’équipe et ses petites querelles intestines, ses petits défis bravaches.

Côté histoire (attention spoil), les scénaristes ont opté pour une version écailleuse du mythe œdipien. La mère, le fils et le père. Ce dernier devant trépasser pour que son fils prenne la place et épouse les idées de la mère. Les retrouvailles, tant d’Harold avec sa mère et de Stoïck avec sa femme, sont une réussite. Émouvantes malgré un manque d’originalité, ses petites scènes intimistes ont su me mouiller la cornée. Et que dire de la fin tragique de Stoïck, un des climax du film, instant d’intense injustice et de colère sourde.

Le gros défaut de ces retrouvailles familiales est de tirer la couverture sur notre trio chevelu. Les autres protagonistes se cantonnant à leurs seconds rôles presque décoratifs. Drago, le méchant tout de noir vêtu, ne transpire pas l’originalité, ni dans son physique, ni dans ses motivations. Il fait le job, c’est déjà pas mal.

Si Dragons premier du nom affichait une fraicheur et un effet de surprise moins présents ici, il y a un point où cette suite enfonce le croc : le souci du détail. Tous ces petits trucs qui augmentent la crédibilité du monde, qui le font coïncider avec une certaine idée de la réalité. Ca n’a l’air de rien, ça dur 1 sec, mais ça fait toute la différence entre une œuvre lambda et une qui a été réfléchi et dont la gestation a été suffisante. La combinaison de Harold, sa jambe modulable, l’organisation de Beurk pour accueillir et vivre avec les dragons, les vêtements de manières générale, les armes et autres pièges des chasseurs de dragons etc… Tous ces éléments contribuent à donner corps au récit, ils ont une légitimité, ne sont pas posés là pour une basse raison ornementale. Le monde de Dragons 2 est un monde vivant et crédible.

A part quelques errements pardonnables au niveau du rythme et du sous emploi de certains personnages (Eret, Rustik, Kranedur), Dragons 2 distille durant 1h40 une aventure riche en action et émotions. Et quand on voit ce que l’été nous réserve en blockbusters, un spectacle de cette qualité ne se rate pas.
Alyson_Jensen
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le 13 juil. 2014

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Alyson Jensen

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