Dracula par la Hammer, acte III. Après un premier acte entré dans la légende, puis un second film cherchant à créer son propre univers, loin de l’aura du seigneur des vampires, voilà que Dracula, prince des ténèbres, nouvelle suite au film de 1958, semble promettre un certain retour aux sources, et un retour en fanfare pour le terrifiant vampire.


Le début du film nous fait suivre une procession funèbre menant le corps d’une jeune femme jusqu’à un bûcher, où elle doit être brûlée après qu’on ait transpercé son cœur avec un pieu. Cependant, le rituel n’ira pas au bout quand le Père Sandor vient tout interrompre en critiquant notamment la paranoïa dont est victime la population, craignant le retour des vampires, qui sont aujourd’hui considérés comme une vieille menace à oublier. Pendant ce temps, pour reprendre une amorce plus classique, quatre voyageurs se retrouvent contraints de s’abriter dans une vaste demeure pour passer la nuit. Comme dans les précédents films, cette arrivée sera ponctuée d’inquiétudes et de peurs, nourries par cette ambiance sinistre due à cette vaste forêt désolée où semble régner une odeur de mort.


Le spectateur va donc suivre leur entrée dans les lieux, opulents mais hostiles et, surtout, désespérément vides, à l’exception de la présence de cet étrange domestique au teint blême, qui les garde seul. Si Dracula, prince des ténèbres, ne fait pas le choix de l’originalité dans son introduction, il vient se distinguer de ses prédécesseurs en choisissant un film moins spectaculaire, se déroulant en grande partie à huis clos, écrasant ses personnages et le spectateur sous le poids de la peur et de la tourmente. Et le film va, bien entendu, capitaliser sur l’aura du personnage de Dracula, dont l’apparition demeure attendue pendant une grande partie du film, pour grimper en tension.


Car Dracula, prince des ténèbres signifie le grand retour de Christopher Lee dans ce rôle qui l’a révélé au grand public. Comme dans le premier film, son temps à l’écran reste très modeste, ce qui permet de donner plus d’impact à chacune de ses apparitions, mais cette nouvelle incarnation de Dracula est aussi particulière dans le sens où elle est très bestiale. En effet, le seigneur des vampires n’y prononce pas le moindre mot, celui-ci se révélant surtout dans l’action, n’émettant que des cris bestiaux, transformant le vampire élégant en une créature assoiffée de sang. Un choix qui pourrait être étonnant mais qui s’avère finalement logique étant donné la manière dont Dracula revient « à la vie » et, surtout, étant donné qu’il retrouve une forme physique, tout simplement.


Dracula, prince des ténèbres semble aussi se rapprocher un peu plus du film de 1931, notamment avec le retour de la transformation en chauve souris, les carioles qui se conduisent seules, et l’utilisation de l’hypnose, qui ramènent à cette autre mythologie des vampires. Christopher Lee revient, mais pas Peter Cushing, qui prive le spectateur de son excellent Van Helsing, ici remplacé par le Père Sandor, nouvelle figure bienfaitrice luttant contre les forces du mal. C’est aussi l’occasion de retrouver Francis Matthews, autre acteur déjà remarqué dans les films de la Hammer, notamment aux côtés de Peter Cushing dans La Revanche de Frankenstein (1958). S’il prend moins de risques que son prédécesseur en faisant revenir Christopher Lee, Dracula, prince des ténèbres parvient à tirer son épingle du jeu et compense largement grâce à des parti-pris intelligents et judicieux, se montrant moins grandiloquent et baroque, mais tout aussi intéressant.


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le 31 oct. 2021

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