Le Delannoy annuel est arrivé ! Cette fois-ci il adapte un roman d'Henri Queffélec "Le recteur de L'île du Sein", avec l'illustre duo de scénaristes/dialoguistes Jean Aurenche et Pierre Bost. On donne au film le titre plus classieu de "Dieu a besoin des hommes".


Dès les premières images on voit qu'on a affaire à du cinéma "qualité France" (ce film a eu le Prix International à la Biennale de Venise). C'est un film ambitieux, qui présente la vie extêmement pauvre (avec une longue intro en voix off) de quelques îliens sur un tas de pierres au large des côtes de Bretagne. Ils sont si pauvres qu'ils se transforment en pilleurs d'épaves. L'ile est presque présentée comme un lieu mystique des croyance païennes, type Avalon ou Ys, un cauchemard pour les curetons quoi. Le prêtre a déserté l'île, les habitants chrétiens sont dans la détresse. C'est à l'excellent Pierre Fresnay, le vicaire de l'église, de s'occuper du salue de leur âme.


Il est assez bon dans son rôle, ainsi que Madeleine Robinson. Daniel Gélin m'a moins convaincu tant il force le côté rustique de son personnage. Delannoy n'hésite pas à en faire des caisses sur le mysticisme. Il faut bien secouer le petit bourgeois chrétien ! Aurenche et Bost ont fait bien mieux au niveau des dialogues, ici ils se contentent de placer un peu de leur anti-cléricalisme sournois, sans que ça prenne vraiment. Il est difficile d'apprécier un film qui additionne les audaces trop faciles, entre cette pseudo cruauté avec laquelle on montre les îliens comme des péquenots primitifs (le personnage de Gélin qui tue sa mère), l'hostilité des gens du continent civilisés, le ton toujours emprunt de pessimisme forcé...


Aurenche et Bost se vengent même de Bernanos qui avait refusé leur adaptation du "Journal d'un curé de campagne" en reportant la scène où un personnage crache son ostie dans ce film, sous la forme équivalente d'hosties jetées au sol car "impures", fabriquées par les habitants eux même. Ca ne cherche pas vraiment à bousculer le bourgeois dans son petit confort finalement, ça offre au bourgeois qui aime être bousculé sa dose de bousculade, sans l'égratigner plus que nécessaire, pour ne pas trop lui déplaire.


Bref on est dans l'académisme pur et dur pour un sujet qui valait beaucoup mieux que ça. Le film a des qualités, il arrive à créer une athosphère assez bien rendue, mais il ne parvient pas à s'extraire de l'application de la formule du cinéma de qualité française du réalisme psychologique (rien que la scène de fin...). C'est ragardable mais franchement oubliable.

grisbi54
5
Écrit par

Créée

le 16 janv. 2021

Critique lue 412 fois

1 j'aime

2 commentaires

grisbi54

Écrit par

Critique lue 412 fois

1
2

D'autres avis sur Dieu a besoin des hommes

Dieu a besoin des hommes
grisbi54
5

Bande de pécores

Le Delannoy annuel est arrivé ! Cette fois-ci il adapte un roman d'Henri Queffélec "Le recteur de L'île du Sein", avec l'illustre duo de scénaristes/dialoguistes Jean Aurenche et Pierre Bost. On...

le 16 janv. 2021

1 j'aime

2

Dieu a besoin des hommes
Serge-mx
2

La religion, très peu pour moi

Cette adaptation commence par une longue introduction récitée en voix off qui n’annonce rien de bon surtout avec Pierre Fresnay même s’il paraît moins coincé que d’habitude. Cette histoire religieuse...

le 19 mars 2023

Du même critique

Un monde
grisbi54
5

Un peu brouillon

Avec Un monde, Laura Wandel n'a pas l'air de vraiment savoir sur quel pied danser. Je peux comprendre que beaucoup de gens aient apprécié, parce que la réalisatrice joue à fond la carte de ...

le 2 févr. 2022

16 j'aime

Youssef Salem a du succès
grisbi54
6

Fais pas ci fais pas ça

Le tandem Michel Leclerc - Baya Kasmi (ici derrière la caméra) continue à exploiter son filon comique consistant à traiter avec légèreté le climat politique contemporain. Si le film est drôle à...

le 23 janv. 2023

7 j'aime

L'Envol
grisbi54
8

La pudeur est une grâce enfantine

Avec cette troisième fiction, le cinéaste italien Pietro Marcello franchi une nouvelle étape dans sa trajectoire artistique. Bella e perduta constituait déjà, avec une approche documentaire et une...

le 20 janv. 2023

5 j'aime