Avez-vous jamais rêvé de vous prélasser un soir d’été un verre de champagne à la main ? Bien sûr que si ! Diamants Sur Canapés, c’est une bouteille de Dom Pérignon, Blake Edwards est la bouteille, son film est le précieux breuvage et Audrey Hepburn elle…et bien la belle Audrey est ces centaines de fines bulles dorées qui viennent vous chatouiller la gorge, vous picoter le nez pour finalement vous étourdir un peu…

Holly est jeune, ravissante, pleine d’entrain et de classe, elle vit seule, de manière totalement dissolue et d’on ne sait quoi, dans un immeuble du centre de New-York où débarque un jour Fred, écrivain laborieux installé dans le luxe et le mauvais goût par une maîtresse d’un autre âge qui tient à avoir son « Ken » sous la main en permanence.

Même si Holly refuse de l’admettre et que leur relation ressemble à de l’amitié, des sentiments forts et irréversibles naissent entre elle et Fred. Pourtant, Holly traine le malheur de sa vie d’avant, une vie de ruralité, celle d’une fille mariée à quatorze ans et qui s’est enfuie. Malheureuse aussi d’avoir, malgré elle, basé sa nouvelle vie de strass et de paillettes sur le seul rejet de cette vie antérieure, elle en rejette aussi Fred qu’elle aime mais qui représente une atteinte à sa sécurité, un bouleversement dans cette vie si spontanément artificielle qu’elle s’est fabriquée.

C’est peut-être à cette partie du film qu’on peut faire le seul reproche, cette lente mise en place de leur histoire qui manque de dynamique et qui en rend le début un peu laborieux. On parle beaucoup, voir beaucoup trop et les scènes s’étirent un peu en longueur. Le seul qui arrive à y donner un peu de tonus c’est Mickey Rooney, toujours excellent, mais ici exceptionnel en Monsieur Yunioshi, voisin irascible d’une laideur sans nom et qui passe son temps à surveiller ses voisins si peu conventionnels, du moins de son point de vue. Vous en penserez ce vous voudrez, mais son personnage fait furieusement penser à celui que s’est construit Rick Moranis dans Ghostbuster, même dégaine, même tendance à s’enfermer dehors et même réaction quand cette voisine minaude et bat des cils.

Cette voisine, Audrey Hepburn (soupirs, re-soupirs, etc…) classieuse comme rarement nous offre ici ces images que nous avons tous vus, ce tailleur, ce grand chapeau noir à bords larges, cette paire de lunettes de soleils. Le Charme fait Femme, la classe mondiale, quelque chose qui va bien au-delà de ce que le seul physique montre, car il y a surtout chez Audrey (ben oui, c’est une intime maintenant…) tout ce qu’il ne montre pas, ce qu’il suggère et qui la rend ici si captivante. Elle intrigue, elle touche beaucoup et émeut souvent. Le final lorsqu’elle quitte en trombe le taxi sous la pluie fait partie des scènes qui ont contribué à cet âge d’or d’Hollywood. Tout y est : la pluie, deux amoureux, l’émotion et les larmes, le pathos moderne n’était pas encore apparu. A ses côtés, George Peppard (oui oui, celui qui adore qu’un plan se déroule sans accroc !) est excellent, sorte de « Ken » intelligent, il traine sa carrure imposante et rassurante à grands coups de flegme et de stoïcisme qu’on diraient en provenance directe de Grande-Bretagne

Qu’en garder ? Des impressions fugaces et des sentiments flous, beaucoup de soupirs aussi, on comprend ici ce que signifie « soupirer pour une femme ». On garde cette belle et tendre histoire d’amour dans un coin du cœur, on garde la drôlerie de Mickey Rooney, l’émotion de voir Doc renoncer à celle qu’il semble aimer tendrement et repartir sans lui en vouloir. On garde ce sentiment d’une actrice à part et de son personnage exceptionnel, emplis de complexité. Restera le sentiment qu’un tel film ne saurait être aussi terre à terre que de la bobine, une caméra, des éclairages, il y a surement quelque chose de plus, de moins naturel et qui ne souffre aucune explication, l’œuvre d’un ange assurément, un ange pour lequel nous soupirerons encore longtemps…
Jambalaya
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le 29 nov. 2013

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Jambalaya

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