Après un temps de battement avec « La Bataille de la Montagne du Tigre », Tsui Hark prolonge sa saga sur le fameux Détective Dee et ses mythes ancestraux. Certains diront alors qu’il équivaut à nos héros occidentaux, à savoir Sherlock Holmes et Hercule Poirot, mais la comparaison n’est pas aussi aisée, connaissant les tendances manuscrites vis-à-vis du cinéma. Le serviteur du Temple Suprême nous invite dans la richissime dynastie des Tang, où son implication intellectuelle sera partagée à ses prouesses aux arts martiaux. Il faudra considérer l’art asiatique comme l’un des plus extravagants, liant avec justesse l’harmonie et la mélodie. Il n’y avait nul enjeu pour cet opus qui devra juste trouver une clôture digne de son héros charismatique et son univers parsemé de cultes divins.


Exit la créature marine et les successions d’humides mystérieuses. Bien entendu, le brouillard et le rythme d’une enquête sont toujours présents, mais ce sera la sorcellerie qui aura le dernier mot dans ce double truquage visuel qui bluffe par sa fluidité et son efficacité. La photographie et le décor résonnent comme dur et pèsent son peson d’ingéniosité. C’est une Chine qui croise des cultures qu’on découvre, bien qu’on s’attarde essentiellement sur le capital de valeurs chinoises qui est ébranlé par la corruption et autres tromperies. Le jeu du pouvoir continue alors que les yeux sont fermés. Dee (Mark Chao) et son fidèle assistant Shatuo Zhong (Kenny Lin) sont alors de retour afin de résoudre une sombre affaire qui touche encore le plus au rang de la hiérarchie. La démarche est méthodique et ne se noie jamais dans le scénario qui diversifie ses lieux d’approche et de contact.


Les individus masqués sont la cible du vivace moustachu et ce dernier s’agrippe fidèlement à ses principes pour les vaincre. Mais dépassé mentalement et physiquement, le détective ne peut s’engager sur tous les fronts et c’est là que le contrat devient magique. Les héros secondaires font leur part, tout autant que leur ami, car ils entretiennent la même flamme. Et leurs interventions sont parfois des prétextes afin d’invoquer des effets à tout-va, mais la valeur ajoutée est justifiée par la grâce du complot qui se prépare. Le bizarre et le bazar font bien les choses et promettent un esthétisme de haut vol. Et on flirte avec les superstitions et le concept d’illusion, comme une romance qui devra frayer son chemin à travers des joutes visuelles afin de pouvoir prétendre à la réalité. La confusion est maîtrisée dans un blockbuster qui n’use pas des mêmes codes, dont on en voit à toutes les sauces et ce sont souvent les mêmes saveurs qui remplissent l’écran. Ici, la composition réinvente au fur et à mesure et nous en redemandons par curiosité, seul véritable enjeu pour des studios qui surexploitent des formules, émoussées par le temps et les techniques visuelles.


« Detective Dee : La Légende des Rois Célestes » conclut alors une trilogie époustouflante, où le spectacle visuel est au rendez-vous. Le tour de manège séduit et le fond conserve sa fraîcheur. Le rebondissement que l’on attendait est arrivé en milieu d’année et manque encore de visibilité au sein de cinéphiles qui sont voilés par des distributions hasardeuses. Il ne faut pas passer à côté de ce privilège qui saura convaincre la troupe, avide de virtuosité visuelle et sonore.

Cinememories
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le 16 juil. 2022

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