J'ai été relativement déçue par ce documentaire.
J'en attendais beaucoup plus.


En fait, même s'il est loin d'être inintéressant car il représente une plongée dans le quotidien de ces hommes incarcérés à la prison des Beaumettes de Marseille, j'ai trouvé les scènes un peu trop répétitives, l'ensemble manquant de relief.


L'intérêt est qu'avec cette méthode de tournage, sans commentaires, au plus près des individus, on ressent bien la routine et l'ennui dans lequel sont plongés les prisonniers.


La peur et la solitude transparaissent aussi dans les regards, les comportements.


Le regard qui m'a le plus marqué est certainement celui d'un nouvel arrivant qu'on suit lors des étapes de son intégration dans la prison.
Il est vraiment sur ses gardes, l'air très inquiet presque terrorisé.
Il faut dire que les Beaumettes, qui a fermé depuis, jouissait d'une sale réputation, sans doute fondée vu le nombre d'agressions et crimes qui s'y déroulaient chaque année. Certains interviewés l'évoquent d'ailleurs ce problème de violence et on suit l'histoire d'un lynchage d'un jeune prisonnier malade psychiatrique.
Tout ceci fait froid dans le dos et m'a rappelé le film Le prophète.


Les parcours singuliers de ces hommes, parfois très jeunes, sont assez intéressants.
Certains sont même attachants, mais on je fait qu'effleurer leur histoire. Peut être ont ils eu du mal à se confier davantage.


Les personnels pénitentiaire auraient gagné à être Interviewés de façon plus approfondie. Il aurait été passionnant de savoir ce que pensent de leur travail et des conditions de détention les surveillants, conseillers d'insertion et de probation, infirmières et médecin, travailleurs sociaux, juges et avocats.


De même, on ne sait pas grand chose du travail exercé par les prisonniers, de ce qui se déroule en promenade.


Le manque d'activité apparaît flagrant et l'ennui vraiment pesant. Le problème est qu'on s'ennuie parfois avec eux. C'est peut-être voulu mais il y a des périodes de creu dans le film.
A part quelques exercices de musculation dans la cour et fumer non stop en regardant du coin de l'œil la télé, qu'il y a t-il à faire ?
La promiscuité et les mauvaises conditions matérielles s'y superposent, rendant la vie douloureuse, parfois compensée par des amitiés entre incarcérés qui tentent comme ils peuvent de se soutenir moralement.


La pauvreté affective et intellectuelle de ces incarcérés fait souvent peur, à de rares quelques exception près où on ressent une certaine solidité, notamment chez un prisonnier plus âgé.


Il faut dire que rien n'est fait pour les stimuler, leur offrir un parcours de véritable réinsertion ou de diplômes. De plus, ils sont très isolés de leur famille.
Ce n'est pas pour rien que le défenseur des droits avait qualifié d'inhumaines les conditions de détention dans cette prison. Ceci est utilement rappelé dans le générique du début.


Les scènes qui ont plus attiré mon attention sont celles des commissions de discipline et une rare scène profonde où on assiste à un dialogue entre une travailleuse sociale et un prisonnier évoquant sa conversion à l'islam qui l'aide beaucoup.


Le plan séquence du début et de la fin du film montrant un homme derrière une porte vitrée appelant le surveillant pour sortir et tournant dans la petite pièce comme un lion en cage rappelle que les conditions de détention sont proches de celles d'un zoo, voire pire.


Donc bilan mitigé, avec un documentaire pas assez creusé et une impression de déjà vu. Mais intéressant tout de même pour son aspect utile de reportage en immersion qui permet une certaine critique des conditions actuelles de détention en France, pays des droits de l'homme.

Elsa_la_Cinéphile
6

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le 30 déc. 2021

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