Une brume un peu rapide à se dissiper... Mais avec du potentiel !

Je n'ai vu aucune promo pour ce film, mais alors...
Quand j'ai aperçu l'affiche au cinoche, ça m'a intriguée et hop, me voilà installée devant ce qu'on pourrait appeler une rareté : du fantastique apocalyptique à la française :o
Franchement, c'est assez singulier dans le paysage des films français pour qu'on s'y arrête. Les gens qui ne pouvez pas piffrer pas Romain Duris (et je sais qu'il y en a des TAS), passez outre. "Dans la brume" vaut le coup.
Pour son pitch, d'abord. Simple mais efficace.
Pour son ambiance, aussi : intimiste, on reste centré sur l'histoire d'une famille + un voisinage sympathique. Un petit groupe qui va devoir faire appel à la débrouille pour survivre, parce que les secours, ben, ils sont anecdotiques (c'est le bordel, dira souvent le personnage de Duris, et ça, on le ressent bien).
Pour ses moments d'émotion et de suspens pas mal du tout !! (oui, les points d'exclamation, c'est parce que ça m'a surprise. Je vous jure, j'ai pas l'habitude avec les films français, là c'est rafraîchissant).
Bon, mais z'allez me dire "pourquoi tu mets un 6/10 alors, s'il est si bien que ça, ce film ?"
Dans la brume a certes du potentiel, mais je lui trouve tout de même quelques défauts.


A commencer par sa fin, un peu trop expédiée à mon goût. Je ne suis pas fana des histoires ou des nouvelles dites "à chute" dans la littérature, et ici c'est un peu sec, disons. Un peu brutal. Ça manque d'épilogue.


A noter que j'ai apprécié le fait qu'on ait pas vraiment d'explication sur les origines de la brume. On est dans du pur fantastique et j'aime ça, c'est tellement rare... L'ambiance installée fonctionne, mais il n'empêche que la fin, même sans expliquer, manque de résonance pour moi.


Et puis le conflit manque, aussi. D'accord, la brume en apporte beaucoup, c'est du très gros conflit externe, très puissant, et ça devrait sans doute me suffire, mais j'aurais aimé un peu plus de conflit interne. De questionnements. Les héros (la mère, le père, les petits vieux) sont de bons samaritains qui n'ont que peu ou pas de faiblesse morale. Je ne dis pas qu'on ne tremble pas pour eux, je dis qu'on ne s'énerve pas assez contre eux, et que du coup on ne s'attache pas assez non plus.


Enfin, un dernier point qui m'a chagrinée (ce sera presque only spoiler, pour celui ci) :


Très vite, le personnage de Duris tombe sur deux chiens. Un chiot, vivant, qui sort en gambadant d'une chambre, et ce qui semble être sa mère, étendue au sol. En gros, la caméra nous montre un chien vivant + un chien mort, l'un plus jeune que l'autre. Tout de suite, je me suis donc dit "les jeunes peuvent survivre dans la brume" (ça a fait écho à beaucoup de lectures chez moi, comme Le Jour Où de Paul Beorn). Ca sent le gros indice pour le spectateur (mais pour le personnage aussi, hein !! C'est son regard, la caméra, c'est lui qui nous guide).
Plus tard, il y a une séquence d'action avec l'attaque d'un chien dans la rue. Ça m'a fichu un doute, parce que ce clebs avait l'air quand même vieux (preuve que j'y connais que dalle en chiens T_T ), mais étant donné la conclusion du film, bah je suppose qu'il était encore assez jeune pour survivre lui aussi dans la brume.


Mais du coup, ce qui semble étonnant c'est que dans la tête du personnage de Duris, ça ne fasse jamais "tilt".
Il aurait pu se dire : "tiens, le chiot et cet autre chien là étaient en vie", ou bien, s'il avait zappé le clebs mort dans la chambre : "tiens, les chiens sont en vie alors que les humains, non" (ce qui l'aurait mis sur une fausse piste, ça aurait pu être marrant). J'ai trouvé ça d'autant plus curieux pour ce personnage, car on nous le présente comme quelqu'un qui explore, qui se pose des questions, qui teste la brume pour la comprendre.
On pourrait expliquer ça comme une faiblesse morale, à savoir : le personnage est tellement focalisé sur la survie de sa fille qu'il oublie totalement d'analyser ce qu'il voie. Mais si on était dans ce cas-là, la caméra/le scénario devrait s'arranger pour nous le montrer.


Or là, la caméra nous dit : "personne ne se pose de question" et c'est justement le point qui m'a embêtée. Parce qu'en tant que spectatrice, devant un événement étrange, et associée à un personnage décrit comme curieux/explorateur, je m'attends à ce que cette absence totale de recul ou d'analyse soit justifié. Et là, ben ça l'est pas. du. tout.


Sinon, allez le voir. Juste pour son potentiel ! :-) Et de mon côté, je vais aller fureter du côté de la filmographie du réalisateur, parce que j'ai pas été déçue de la découverte.

Linu
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le 12 avr. 2018

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