FAN-TAS-TI-QUE aurait ponctué Daaaaaali en visionnant le film de Quentin Dupieux !
Que ces deux-là étaient faits pour se rencontrer ! Absolument pas autobiographie, mais un vrai hommage à ce comédien, cet hurluberlu narcissique, mégalomane mais complètement esseulé que fut cet artiste prodigieux !
Jeune journaliste (Anaïs Demoustier) décide de réaliser une interview de Daaaaaali qu’elle idolâtre depuis toujours ! Difficile d’en dire plus, non pas pour éviter de divulgâcher, mais parce que c’est inracontable. Quentin Dupieux réussit à faire du loufoque et du déjanté et ça colle parfaitement à la personnalité médiatique poursuivie par l’artiste. Car, l’attraction de Dali pour la caméra éclate à chaque plan.
De plus, six comédiens, comme les six A de Daaaaaali, jouent le Dali médiatique. Six personnalités, six statures, six façons de marcher, six voix exagérées, chacun apportant une partie de la vérité.
Le producteur des interviews (Romain Duris) est particulièrement et intelligemment réussi, chef-d’œuvre de misogynie. Il incarne parfaitement l’ambiance de l’époque. Car, ce qui choque son monteur c’est qu’il confonde l’ancienne profession de la journaliste et non les propos injurieux et dépréciatifs qu’il profère. Un régal !
Drôle, Daaaaaaali est d’une richesse cinématographique étonnante. Une avancée dans un couloir qui n’en finit pas. Les ingrédients vivants d’un plat. Un rêve qui ne cesse de se réinventer. Un œuf qui s’estompe en le cuisant. Ou une pluie de chiens morts. Etc. Toutes ces trouvailles qui font la richesse de Daaaaaali comme un hommage au collaborateur de Bunuel. Les hallucinations, sa peur de la mort, la représentation constante de l’artiste, sa solitude, en bref, sa folie éclate mais n’effraie pas. Quentin Dupieux, ça le fait rire et il nous permet aussi d’en rire !
Face aux six Daaaaaali, la journaliste est d’une bienveillante banalité tout en simplicité, ainsi que son double maléfique, même lorsque le producteur lui demande de s’arranger un peu. Son pantalon de cuir moulant est la concession, toute en subtilité, qu’elle accepte de faire. La scène de la maquilleuse est d’une si parfaite actualité, où « le grand homme » s’octroie le droit, en toute impunité, de lui toucher les seins, pendant qu’elle finit de le maquiller.
Alors certes, de certains acteurs, on aime plus leur jeu car ils correspondent à un des aspects de la personnalité de Dali qui nous touche le plus. Le Dali de Jonathan Cohen m’a scotchée. Celui de Édouard Baer m’était plus familier. Pendant plusieurs secondes, au début et à la fin du film, une mise en réalité d’un tableau. « Fontaine nécrophile coulant d’un piano à queue » est proposée et on aurait envie que d’autres s’incarnent ainsi !
Bref, un régal à découvrir, assurément !
Chronique illustrée ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2024/02/12/daaaaaali-quentin-dupieux/