Ce film fit découvrir en 1962 Sam Peckinpah, dont c'était le second film, mais le premier présenté en Europe, de même qu'il était le dernier film de Randolph Scott, qui prit ensuite sa retraite après une longue carrière passée au service de la série B de qualité ; quant à Joël McCrea, il ne devait plus tourner que 2 films très secondaires. Autant dire que ce western est un peu le chant du cygne d'une certaine époque, une sorte de crépuscule des cowboys aussi puisque son sujet tourne autour de 2 vieux amis-ennemis, sur le temps qui passe et qui laisse sa trace sur 2 anciens cavaliers de l'Ouest. La chance de Peckinpah fut justement de mobiliser une dernière fois 2 acteurs emblématiques d'une certaine époque du western de l'âge d'or.
Au début des années 60, le western hollywoodien allait encore bien, mais il devait se méfier d'un vent nouveau venu de Cinecitta, car le western italien pointait timidement le bout de son nez, il fallait donc pour les réalisateurs américains, réagir, ce que fit Peckinpah par l'originalité de ce film qui surprit un peu la critique en 1962. En effet, voir 2 vieux héros usés par leurs aventures, au crépuscule de leur vie, était inhabituel et cassait un mythe quelque part. D'autre part, Coups de feu dans la sierra est novateur aussi bien dans sa manière de décrire la nature et un monde finissant que dans sa peinture d'une population hétéroclite. Parabole sur l'amitié, c'est en même temps une variation d'une justesse poignante sur la vieillesse désenchantée de ses héros. Personnellement, n'étant pas trop fan de la violence paroxystique qui habitera les autres westerns de Peckinpah comme Pat Garrett et Billy the Kid et surtout la Horde sauvage, je trouve que c'est son plus beau western. Un film automnal et nostalgique qui célèbre les losers et qui avec quelques années d'avance, annonçait le western crépusculaire.