Ride the High Country est a priori un petit western de série B essentiellement connu pour être à la fois un des premiers films de Sam Peckinpah et le dernier rôle de Randolph Scott, un des acteurs fétiches de Boetticher entre autres.
Et en même temps, ce petit film est bougrement intéressant.
D'abord parce qu'il casse un certain nombre de valeurs associées à la Conquête de l'ouest. L'histoire se déroule au tout début du XXème siècle. Dans une Amérique en pleine effervescence, les temps ont changé. Finie la gloire des cow-boys aventuriers et des chercheurs d'or valeureux. Ces derniers sont devenus des dégénérés et les premiers ont laissé le pouvoir aux banquiers. Le monde a évolué, comme le constate un ancien shérif en arrivant en ville : même les chevaux se font battre à la course par des machines à essence et des dromadaires.
Parallèlement à cette remise en question du mythe américain, c'est le genre cinématographique du western que Peckinpah s'entend à démonter ici comme il le fera plus tard dans ses autres films. Les gardiens de la foi, loin de l'honorer la salissent- bible à la main-, les héros ne sont plus fiables mais faibles. et les mariages, autrefois l'occasion de danses festives, tournent à l'orgie. Même le duel final, opposant habituellement deux braves, à découvert, dans la rue principale laisse place à un affrontement asymétrique entre une bande d'abrutis lâches et deux cow-boys old school fatigués d'un monde qu'ils ne comprennent plus.
Car c'est enfin le dernier et peut être le meilleur atout de ce film, les personnages. Surtout ces deux lascars, Judd et Westrum, vieux potes de toujours, l'un à la moralité à géométrie variable, l'autre inflexible de droiture et de probité, qui vont faire équipe une dernière fois, pour l'honneur, dans ce monde qui fout le camp. Et c'est vraiment bien vu.
Alors, oui, Coups de feu dans la Sierra n'est pas de la catégorie des grands westerns (Rio Bravo, Duel au soleil, Il était une fois dans l'ouest) mais personnellement je le compte parmi mes films préférés.


Histoire / Scénario : 9
Personnages / interprétation : 10
Mise en scène / réalisation : 9


9.5 / 10


<3

Theloma
10
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le 12 sept. 2016

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Theloma

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