Ne Coupez Pas ! compte parmi mes cent films préférés de tous les temps. Je ris à chaque fois que je le vois, et ça n'est pas que pour ses situations follement drôles, mais bien sa mécanique bien huilée dans l'humour. Rien ne dépasse, rien n'est en trop, son rythme est impeccable et les acteurs totalement investis.

En outre, il ne commet jamais l'irréparable erreur de prendre le genre qu'il parodie de haut. C'est un film sur l'Art avec un grand A, fait avec Amour avec un grand A lui aussi.


Alors forcément, grande était ma méfiance devant ce projet de remake. On pourra facilement m'accuser de ne lui avoir jamais laissé sa chance... Mais vraiment, les deux ou trois fois où il m'a arraché un sourire, je me suis automatiquement souvenu d'à quel point je suis plié au sol dans la même scène de l'original.


Petit aparté : dans la première scène du film Camille Redouble, on voyait la confection d'un film gore à petit budget, et il y était évident que Noémie Lvovsky prenait le genre de haut, afin d'en ridiculiser les poncifs avant de s'orienter vers de la science fiction "intelligente et sérieuse"... (ce que le film échouait à faire de toutes façons, mais le problème n'est pas là...)

Coupez ! C'est comme si ces quatre minutes occupaient tout le métrage.


Michel Hazanavicius a pris la trame et une majeure partie des éléments du film original, mais étire tout, décortique et explique tout à voix haute, et oublie de respecter le genre ainsi que les propres engagements liés à la mise-en-image de ce dernier.

Par exemple : dans l'original, le cadreur percuté de plein fouet par l'actrice principale, s'effondre au sol et a le dos bloqué. Après quelques instants d'hésitation, son assistante prend la caméra pour finir le film, et se met à abuser de la bague de zoom, ce que son boss avait proscrit. Jusqu'à la fin du film il y a des zooms pour ponctuer les moments forts. Dans la version Hazanavicius, le cadreur tombe tout seul, déclare à haute et intelligible voix que son dos lui fait mal, puis le réalisateur indique à l'assistante qu'elle peut prendre la caméra. Elle fait deux ou trois zooms, ça amuse en coulisses... et puis plus rien. Le film finit sa course comme il l'a commencé, comme si on n'avait pas changé de cadreur.

Voilà qui dénote d'un état d'esprit purement cérébral, qui n'a hélas rien compris au matériau de base et entend le refabriquer quand même. Et en plus, à la fin il a le toupet de nous dire qu'il ne faut pas prendre les spectateurs pour des cons, que le cynisme n'a pas sa place... mais ta gueule !


Il n'y a pas d'âme dans ce film. Pas de jubilation, rien de trépidant. Où est la fourmilière de techniciens et techniciennes qui cavalent partout ? Où est la passion dans les yeux de la fille du réalisateur ? Rien. Envolés. Pire : enfouis sous une épaisse couche d'explications nauséeuses.


Et ce qui me met fou de rage, c'est que les pauvres hères qui découvriront le film dans cette version auront l'impact de voir ensuite l'original fortement amoindri. Coupez ! est un film néfaste en plus d'être inutile.

mikeopuvty
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le 20 mai 2022

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Mike Öpuvty

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