Coupez ! est un film à double lecture, qui permet l’immersion dans une double thématique du tournage. Le spectateur y voit le décor et l'envers du décor, ce qui s'avère formateur pour lui. La première partie est le tournage d'un mauvais film de série Z avec un plan séquence de 30 minutes. Première leçon pour le spectateur : l'apprentissage de la patience couplé avec celui de l'indulgence.

Le tournage dégénère et se termine en bain de sang, je n'en dis pas plus pour ménager le suspens.


Vient alors la deuxième partie didactique qui fait comprendre au spectateur les enchaînements qui ont fait que l'on en est arrivé là, sur un ton de comédie régressive en dépit du sujet dramatique et des meurtres sanglants venant d'avoir lieu en live sur le plateau.

Le film révèle en effet la succession de contraintes, de compromissions et de conflits d'ego qui ont pourri la vie du malheureux metteur en scène depuis la phase initiale de la conception du film. A ce stade je mentionne avant d'oublier que Coupez ! s'inspire et pas qu'un peu d'un film d'horreur japonais à petit budget intitulé Ne coupez pas ! d'un certain Shin'ichirô Ueda. Voilà d'ailleurs le principal problème du film: à quoi bon faire un remake d'un film japonais peu connu en reprenant pas à pas chaque détail de l'histoire tel un Gad Elmaleh appliqué en train de réciter les sketches des autres?

La réponse de Michel Hazanavicius est assez évidente: parce qu'il avait envie depuis longtemps de faire une parodie et parce qu'il n'y avait pas de droits à payer. D'autre part les procédés de recyclage sont désormais intégrés dans les stratégies zéro déchet de l'industrie cinématographique. Le résultat est en fin de compte plutôt marrant.


Au premier rang des absurdités provenant des exigences de la productrice japonaise Mme Matsuda (Yoshiko Takehara) figure l'emploi de noms japonais alors que les acteurs sont Français. Parmi les acteurs on a donc un très bon Romain Duris dans le rôle du directeur Hirugashi dépassé par son film, Finnegan Oldfield lui-même sosie de Jesse Eisenberg joue Ken le casse-couille de service et accessoirement le premier rôle, Berenice Bejo la compagne du réalisateur Michel H* dont le rôle de Natsumi la maquilleuse-actrice qui ne voit pas la différence entre le film et la réalité n'est peut-être pas un rôle de composition. On a aussi Grégory Gadebois dans le rôle du cameraman vomisseur Hosoda porté sur la bouteille et Matilda Lutz dans le rôle de l'actrice hurleuse Chinatsu. Mentionnons aussi Raika H* et Simone H* , respectivement nièce et fille du réalisateur.


En conclusion Coupez est un film de recyclage et en même temps une déclaration d'amour du réalisateur à sa famille, au cinéma et à la grande famille du cinéma.


Zolo31
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le 27 mai 2022

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le 27 mai 2022

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Zolo31

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