Comancheria par Stanleywhite

Pour mon 100ième film visionné en 2017, j’ai souhaité revoir ce « Hell or High Water » baptisé « Comancheria » en France. Et c’est avec le même plaisir que j’ai replongé dans les plaines du Texas pour suivre le destin tumultueux de ces deux frères, bandits au grand cœur.
Taylor Sheridan a concocté un scénario foisonnant où se suivent en parallèle les histoires de deux couples : d’un côté, les frères braquant des banques, avec un Chris Pine parfait en cow-boy « rebelle avec cause »,et surtout Ben Foster, en grand frère imprévisible, le « dernier des Comanches » toujours au bord de la rupture et de l’explosion de violence dans une prestation hallucinée qu’on aurait pu croiser chez Scorsese ; de l’autre, les deux flics à leurs trousses, Jeff Bridges savoureux en ranger texan , à quelques semaines de la retraite, sorte de croisement de son propre personnage dans « True Grit » et du vieux flic interprété par Tommy Lee Jones dans « No Country for old men », et son acolyte indien catholique qui essuie avec résignation et tendresse toutes les vannes (emplies de clichés sur ses origines) que lui balance le vieux…
Le scénariste a choisi de dépeindre une Amérique de laissers-pour-compte, celle du Texas profond, où la misère côtoie les pompes à pétrole qui épuisent les sols et enrichissent les banques. Il en profite pour égratigner non sans humour cette même Amérique qui joue encore aux Cow-boys et aux Indiens avec toute une population portant librement un flingue et s’improvisant justicière.
La réalisation de David MacKenzie est particulièrement soignée avec un cadrage (en cinemascope) somptueux de la plaine texane à la John Ford (il faut voir ce plan des deux frangins accoudés à une barrière sous un moulin à vent…) une image chaude et lumineuse, et un bel équilibre entre des scènes intimistes à la James Gray et d’autres à la violence sèche et nerveuse.
Il a réussi un polar rural attachant, une sorte de western moderne ayant déjà tout d’un classique.