Après l'excellent thriller The Ghost-Writer (2010), Roman Polanski revient au cinéma avec Carnage, adaptation de la pièce de Yasmina Reza (Le dieu du carnage). Le cinéaste s'attaque à la bien-pensance et à toutes les formes du politiquement correct. Pour cela, Polanski a choisi l'enfermement du huis-clos, forme qu'il a toujours privilégié depuis Le couteau dans l'eau jusqu'à La jeune fille et la mort. Dans Carnage, il met en scène deux couples face à face, l'un formé par Kate Winslet et Christopher Waltz, l'autre par Jodie Foster et John C. Reilly.
Si le dialogue est de prime abord courtois, il bascule vite dans le délire collectif. Les répliques fusent et rebondissent d'un acteur à l'autre, les incidents s'enchaînent, si bien que le couple de visiteurs formé par Kate Winslet et Christopher Waltz, ne parvient jamais à s'échapper de l'appartement de ses hôtes. Les rapports policés se muent en un affrontement verbal agressif.
Plus judicieux encore est, dans cette confrontation sauvage, le choix de Roman Polanski de varier les adversaires. Les alliances se font et se défont au gré des sujets abordés et des péripéties qui ponctuent le récit : tantôt le couple Winslet-Waltz s'oppose au couple Foster-Reilly, tantôt le mari de l'une prend la défense de la femme de l'autre, tantôt les hommes se liguent contre les femmes et vice-versa.
Le quatuor d'acteurs est remarquable, la mise en scène dynamique, le ton grinçant, le tout est mordant, bref, on rit devant tant de défaillance dans les comportements humains.
Carnage est tout simplement un plaisir cruel.
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