Sur la forme, le tournage en quasi temps réel et les répétitions qui ressemblent à du théâtre, le film, adapté d'une pièce justement, offre un crescendo très rythmé vers le poison et les tensions qui animent deux couples dans un appartement.Polanski s'amuse en filmant en retrait une banale scène entre gamins; l'un d'eux frappe son camarade avec un bâton, ce qui déclenchera les joutes verbales entre parents pendant 1h20 où au contraire le ralisateur filme de très près sa vision de l'américain bourgeois huis clos style.
Si j'ai ri pendant tout le film ce n'est qu'en posant un regard ironique et noir sur l'absurdité du genre humain comme aime à le dépeindre Polanski dans toute sa carrière, rien de bien méchant ici , nous sommes loin du Locataire ou d'un Rosemary's baby à l'ambiance malsaine.Il semblerait que le mal se soit déplacé au coeur des échanges les plus triviaux.
Chaque personnage se révèle double ; nous avons droit à un bon vivant nihiliste (C.Riley), une impeccable mais néanmoins névrosée Kate Winslet, un génialissime et malpoli Waltz et enfin une humaniste colérique Jodie Foster. Si la première moitié de leur âme donne lieu à de savoureux dialogues bien proprets mais néanmoins pas innocents au début du film, c'est vers le règlement de compte personnel et inter personnel où nous sont offertes les scènes les plus savoureuses.Symptomatique de nôtre époque? Je me suis demandé plusieurs fois si le spectateur ne prenait pas un malin plaisir de voyeur à regarder intimement l'ambiance éclater dans une situation presque banale.
Inutile d'en dire trop sur les acteurs j'ai trouvé leurs jeux parfaits, je ne pense pas que l'on reverra Kate Winslet vomir de la sorte avant bien longtemps !
Carnage est aussi la représentation de conventions sociales qui volent en éclat, de couples qui vont si mal ensemble, d'hommes et de femmes à la place qu'il est bon d'occuper, la dernière scène, comme toujours chez Polanski nous interroge et reste ouverte : Les parents en général parviendront ils à déteindre sur leurs enfants? Eux qui semblent déjà avoir perdu une belle part d'innocence.
Ligeia
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le 8 déc. 2011

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Ligeia

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