Deuxième Guerre Mondiale.Steve Rogers,jeune américain rachitique,a la fibre patriotique chevillée à son corps malingre et multiplie les tentatives pour être incorporé dans l'Armée et partir se battre en Europe.Ses capacités physiques limitées le font rejeter par les militaires,jusqu'au jour où un scientifique allemand réfugié aux Etats-Unis le sélectionne pour servir de cobaye pour une expérience qui va le transformer en super costaud invincible.Dans les années 2000,la firme Marvel,grande éditrice de bandes dessinées de super-héros,a décidé de porter massivement au cinéma les aventures de ses personnages en produisant elle-même les films,créant ainsi le fameux MCU,le Marvel Cinematic Universe.La BD "Captain America" étant un des plus gros succès maison,il était évident qu'il aurait droit à ses adaptations ciné qui sont à l'heure actuelle au nombre de trois,plus la participation du héros à la saga des Avengers qui regroupe tous les personnages vedettes estampillés Marvel.On ne peut pourtant pas dire que Rogers soit la plus intéressante des stars de la galaxie.Plusieurs fois représenté au ciné par le passé,il n'avait fait l'objet que de séries B médiocres,et d'autres productions s'en étaient inspirées,comme "Universal Soldier" avec Van Damme.Car nous sommes là dans le thème du soldat bionique,le type tripatouillé au gré d'expériences risquées qui devient un guerrier ultime et imbattable.Le problème est que l'accession du Captain au monde du blockbuster n'améliore en rien la pauvreté endémique du sujet.Bien qu'on ait confié la réalisation à Joe Johnston,excellent spécialiste des effets spéciaux qui avait été révélé en 91 avec son très bon "Rocketeer",une histoire assez similaire,la sauce ne prend pas et le film reste enlisé dans un marécage saumâtre mêlant humour balourd,scénario rebattu et sans relief et effets spéciaux si excessifs qu'ils en deviennent ridicules.Après un début plus que laborieux,on croit à un moment que ça démarre et que ça va être bien,précisément à partir de l'expérience qui transforme Rogers en surhomme.Un attentat détruit le labo et s'ensuit une poursuite haletante fort bien shootée qui commence dans la rue et s'achèvera dans un sous-marin.Hélas,on retombe après ça dans la médiocrité routinière d'un script paresseux qui enfile les clichés,les invraisemblances et les incohérences désinvoltes.Les aventures du héros sont sans enjeu puisqu'il est le plus grand,le plus beau,le plus fort,qu'il passe à travers les balles et court à la vitesse de l'éclair ,au point qu'on ne le sent jamais en danger.Il vit une histoire d'amour inconsistante et qui restera platonique avec l'agent Carter,sa belle instructrice,et se débarrasse facilement d'un méchant de pacotille aussi effrayant qu'un koala sous Prozac,bien que ce savant nazi soit défini comme une terreur qui fait passer Hitler pour un doux humaniste.Quant aux allemands,ils mettent deux heures avant de dégainer une arme et si par hasard ils parviennent à tirer,ils ratent systématiquement leurs cibles.Pendant ce temps,un montage schizophrénique transporte les ricains entre les USA et l'Europe en une seconde et les voit se balader dans des zones de guerre ennemies aussi aisément que s'ils traversaient Central Park au fil d'ellipses démentielles.Pour faire bonne mesure,Rogers est entouré afin de satisfaire aux exigences du politiquement correct d'un commando de fidèles griffé "United Colors of Ben et Cons" qui comprend un noir,un asiatique, un gros à chapeau melon et un anglais précieux et distingué genre homo,autant de joyeux compagnons également imperméables aux tirs ennemis.Pour ne rien arranger les acteurs sont mauvais.Chris Evans a l'air totalement hébété d'un bout à l'autre et subit passivement la connerie de son personnage univoque drapé dans la bannière étoilée.Hayley Atwell est bien jolie mais n'a guère de présence et parait se trimballer avec un balai dans le cul,sans doute pour exprimer la raideur militaire de son personnage.Dominic Cooper rame dans le rôle d'Howard Stark,ingénieur de haut niveau qui n'est autre que le père de Tony Stark,le futur Iron Man,tandis que Tommy Lee Jones et Stanley Tucci cachetonnent sans enthousiasme en attendant leur virement.Neal Mac Donough sombre dans le clownesque et Samuel Jackson fait sa traditionnelle apparition finale en Nick Fury,le patron du SHIELD,un passage obligé dans chaque film MCU.Seul le troll Toby Jones surnage en scientifique allemand timoré.