Candy
7.2
Candy

Film de Neil Armfield (2006)

Bande son: "Sugar Man" de Rodriguez.
https://www.youtube.com/watch?v=qyE9vFGKogs

C'est les mains tremblantes que je rédige cette critique. Je viens de voir le film, et j'ai du rester dix bonnes minutes assis devant le générique sans bouger. Durant le visionnage, j'ai souri, un peu. J'ai pleuré, pas mal. J'avais les yeux rivés à l'écran et plus rien ne comptait.

Avant d'essayer de retranscrire mon ressenti personnel sur Candy, je voudrais aborder la partie technique sur laquelle je peux rester objectif : on a affaire à un travail d'esthètes.
Aucun plan ne semble laissé au hasard. Le cadrage très juste et astucieux, ainsi qu'une photographie magnifique font de ce film un régal pour les yeux. J'ignore qui est Neil Armfield, mais il doit être perfectionniste.

Ce film raconte l'histoire d'un couple de junkies accros à l'héroïne entre autres drogues.
Il est chapitré en trois parties.
Heaven. Hearth. Hell. Car c'est bien d'une descente aux enfers dont il s'agit, une pente bouleversante que le spectateur réceptif risque de prendre avec eux. On découvre d'abord Dan et Candy heureux, puis ils sont ramenés à la réalité, pour finalement toucher le fond. Le tout narré par la voix-off envoûtante de Heath Ledger.

Rares sont les films qui sont à la fois réalistes et captivants. Candy accomplit cette prouesse, récit sincère et touchant. Réalisme renforcé par la forte présence de la télévision durant tout le film, qui diffuse des programmes absurdes et factices tandis que la souffrance du couple, elle, est bien réelle.

Candy parvient à décrire l'indicible : L'amour frivole et béat, comme nous aimerions tous le vivre, n'est qu'une façade. Il n'est pas suffisant, mais on s'y accroche comme à la seule chose importante.

L'addiction vécue par les amoureux est double : celle à l'amour et celle à la drogue. Mais si la première est aisément satisfaite, la deuxième détruit la première et coûte cher, poussant l'un à l'arnaque et l'autre à faire des passes. Ils sont si perdus dans leur monde restreint, qu'ils supportent cette situation... Jusqu'à un certain point.

N'avons-nous pas tout vécu ça ? (pas forcément à cause de la drogue, j'entends bien).

Le récit est extrêmement intimiste. La caméra est souvent très proche des visages. C'est un appel à l'empathie, la promiscuité étant si forte qu'il en devient difficile de rester distant. Alors, si ça fonctionne sur vous, vous craquez, et leur monde devient le votre.

Que dire du duo d'acteur ? Heath ledger est exceptionnel, et si son charisme a tendance à attirer l'attention sur lui, Abbie Cornish n'en est pas moins fantastique. Je ne l'avais vue que dans des films auxquels je suis insensible (Limitless, Sucker Punch), et je découvre ici son talent.
J'ai beaucoup aimé l'interprétation de drogué de Geoffrey Rush, qui incarne un homme vide qui s'est perdu depuis des années.

Candy. Il y a de l'ironie dans le nom que porte cette jeune femme au visage angélique. Un bonbon très doux qui cache un goût amer.

Les scènes d'extase ou de manque sont dérangeantes de par leur crudité et la qualité des jeux d'acteurs. De longs moments de détresse à se toucher le corps, cette enveloppe qui les insupporte, ravagés par le besoin de ne rien sentir à nouveau, de flotter loin de cette réalité où ils sont des incapables, cette réalité qu'ils n'ont jamais affrontée...

À titre personnel, Candy est l'un des films les plus humains que j'ai pu voir.

C'est pour toutes ces raisons que ce film m'a touché. J'espère l'avoir rendu compréhensible, même s'il est ardu d'expliquer ce genre de sentiments que la magie de l'art engendre.

Un de mes éclaireurs l'a fait mieux que moi. C'est d'ailleurs sa superbe critique qui m'a donné envie de le voir; merci à toi, GagReathle. Je vous invite à la lire si ce n'est pas déjà fait:
http://www.senscritique.com/film/Candy/critique/922224

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le 21 août 2014

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Veather

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