10 « bonnes » raisons relatives de ne pas aimer Interstellar.

Chers lecteurs, chères lectrices,


Avant d'entamer cette liste aussi disgracieuse que désobligeante, je tiens à préciser que je n'ai rien contre Nolan, au contraire.
Avant de m'envoyer des menaces de mort, kidnapper un membre de ma famille ou pire encore, merci de garder votre calme et de vous contenter de cliquer sur NON à la question finale et fatidique "Et vous, avez-vous apprécié la critique ?" Ça vous fera du bien, votre honneur sera ainsi sauvé, et il y a de fortes chances que cela me pousse au suicide. Donc tout le monde y trouve son compte.
Oui parce que ce film m'a donné envie de sauter d'un pont.


Sur ce, bonne lecture!



  1. Je vais sûrement perdre quelques abonnés à cause de cette critique.


  2. Nolan a très clairement exprimé qu'il voulait rendre son film réaliste. Dans ce but, il a collaboré avec des scientifiques. C'est très bien, et ça part sûrement d'une bonne intention, mais moi, petit spectateur, je dis non. Il ne suffit pas de prendre une base scientifique pour que ce soit crédible.
    Quand je vois des scientifiques de la NASA parler entre eux comme des débiles, non seulement ça m'agace mais surtout ça me sort du film direct.
    Tout est fait pour que le public comprenne, alors ils se mettent à expliquer, dans tous les détails, tout le speech scientifique nécessaire à la compréhension de l'histoire. Du coup on a droit aux plus gros cerveaux du monde en train de batifoler en mode Science et Vie Junior. ZÉRO CRÉDIBILITÉ.



SPOILER



  1. Dans toutes les histoires SF traitant du voyage dans le temps, les même paradoxes reviennent toujours. Interstellar ne fait pas exception, et bien sûr ne mentionne même pas lesdites paradoxes.
    Alors oui, d'accord : le temps c'est relatif, tout ça, on ne sait pas ce qu'il y a dans un trou noir, blablabla. Mais j'ai le droit d'être de mauvais foi. De plus, la paradoxe du déclenchement initial persiste !


  2. Le plan B consiste à relancer l'humanité avec les ovules fécondées qu'ils emportent. OK, pourquoi pas. Mais le film n'explique pas QUI est censé PORTER les ovules. Parce que bon, Anne Hathaway est bien gentille, mais étant la seule femme de l'expédition, est-elle sensée porter assez d'ovules pour peupler la nouvelle planète? Je n'crois pas, non...


  3. Quand le type du fond (dont on avait rien à cirer) se fait happer par la vague, ça donne la sensation de mort imminente, de danger. Alors pourquoi, quand ils quittent la planète, y a t-il ce plan de son cadavre flottant ? Ça casse tout l'aspect dramatique de la situation. On dirait que c'est pour nous montrer qu'il est BIEN mort, au cas où on était pas sûrs, tu vois.
    Ce détail qui n'a sûrement pas choqué grand monde représente pour moi tout ce qui ne va pas dans ce film : Nolan m'a fait boire la tasse.
    Dédicace à Denver_le_ninja.


  4. Le Happy End hollywoodien m'a agacé, d'autant plus que c'est un faux Happy End : La terre est foutue, on ne sait même pas si la planète qu'ils vont rejoindre est habitable et durable, mais tout le monde il est content. Non seulement ça place l'humain sur un piédestal, mais c'est carrément foireux.



6 bis. Et dans ce fameux vaisseau de survie précaire de l'espèce humaine, on peut voir des champs cultivés éclatants de vitalité. Pourtant sur terre, il y avait le Mildiou, et le Maïs et ses collègues étaient gravement malades. Pourquoi n'ont-ils plus ces problèmes une fois les champs installés dans le vaisseau? C'est pourtant la même terre et les mêmes plantes, non? Pas très net.


FIN SPOILER



  1. Nolan a voulu briser l’intellectualisation froide qui imprègne souvent les films de SF. L'approche humaine qu'il a donné à son film est honorable et lui vaut bien des éloges ; mais à titre personnel ça ne passe pas. Les disputes familiales sur terre m'ont parues interminables. Peut-être qu' Interstellar ne m'a pas donné ce à quoi je m'attendais. Je m'étais préparé à une épopée spatiale, j'ai eu droit à une histoire de famille. Ça aurait pu me surprendre en bien... Si je n'avais pas trouvé ça aussi grossièrement amené.


À mon sens, le fait que le film soit construit pour imager l'humain nuit à son aspect scientifique/SF.



  1. Incohérence: le vaisseau utilise des fusées pour quitter la terre, mais n'en a plus besoin pour quitter les autres planètes, qui en plus n'ont pas la même gravité. Si ils ont cette technologie, pas besoin de fusées depuis le début.
    D’ordinaire, je n'accorderai pas d'importance à de tels détails, mais pour un film qui prétend au réalisme, ça ne passe pas.


Réponse en commentaire de GagReathle:


Pour "l'incohérence" de la fusée, ce n'en est pas une, et c'est simple en fait.
Il est dit dans le film que tout le matériel spatial a été détruit, réutilisé, ou en tout cas ne fonctionne pas. Les trucs spatiaux... sont dans l'espace, en témoigne le vaisseau-mère dans lequel se trouve les vaisseaux spatiaux utilisés plus tard dans le film !
Michael Caine explique qu'ils ont du reconstruire une fusée car il n'y en avait plus. La fusée sert à rejoindre le vaisseau mère, et ainsi l'ancienne technologie spatiale humain.


Autrement dit, je ferais mieux de réfléchir un peu plus avant de déceler de fausses incohérences pour faire mon malin.



  1. La musique de Hans Zimmer est une excellente BO, qui selon moi colle bien au film, comme c'est toujours le cas avec le duo Nolan/Zimmer. Mais je ne comprend pas ce dosage écrasant: elle repasse en boucle, dans le but j'imagine de donner de la puissance aux scènes; sauf que ça fonctionne à l'envers pour moi. C'est l'overdose, ça m'assomme. Surtout venant d'un film de cet acabit, qui -et c'est un avis très personnel- devrait tirer parti du silence spatial pour créer l’angoisse, plutôt que de rabâcher la BO pour matraquer le spectateur de « sensation épique ».


  2. Le parti pris de l'esthétique SF Old School façon Kubrick, j'adhère, mais je n'ai pas trouvé ça toujours convaincant, notamment pour l'aspect carton-pâte des vaisseaux. C'est beau, je l'admets, mais parfois un peu bancal à mon goût. J'avoue quand même que ça fait du bien à l'époque du tout CGI ; et précise que je l'ai vu en numérique alors que, selon -Icarus-, le 35mm rend beaucoup mieux. C'est compréhensible.



Pour conclure, une pernicieuse ambiguïté me dérange dans Interstellar. Tous les éléments du films sont là pour porter ses messages, jusqu'au nom de la fille, « Murphy », en relation à la loi de Murphy qui sert de structure à l'histoire. Du coup, étrangement, j'ai le sentiment que le film s'enferme dans une boîte. J'ai souvent ce sentiment avec les films, qu'ils n'embrassent pas toute la grandeur de leur sujet, mais sur un film abordant des matières aussi vastes que l'humanité, la conquête spatiale, la science et l'inconnu, avec l'amour pour couronner le tout... Ça me dérange.


C'est pourquoi j'ai l'impression que ce film se fout de nous. J'ai conscience qu'il contient pas mal de messages intéressant, et qu'il peut constituer un bon divertissement pour d'autres que moi, mais l'intention de réalisme scientifique est clairement malmenée, ce qui rend l’œuvre incohérente.
On nous sert des théories scientifiques et des idées SF déjà exploitées, transformés en bouillie prémachée.


Que le film soit un concentré de messages imagés ne me dérangerait pas, mais encore une fois l’aspect faussement scientifique va à l'encontre de ça. Quelle direction a voulu prendre Nolan, je l'ignore ; ce qui est sûr c'est qu'il n'a pas su m'y amener.


Honnêtement, je préfère ne pas comprendre un film intelligent, plutôt que de comprendre un film qui veut me faire sentir intelligent.


Certaines choses m'ont plues toutefois, notamment l'amalgame entre ce qui se passe dans l'espace et sur terre, l'exploration du sujet humain (considérer l'individu ou l'espèce) relativement aboutie (ben ouais, tout est relatif non?), les robots (même si les vannes sont un peu lourdes, je préférais le robot de Moon) et... Euh... Non c'est tout en fait. Vraiment pas assez à mes yeux, pour sauver ces interminables 2h50.
Le temps est relatif, la preuve : certains ne l'ont pas vu passer, tandis que j'ai cru ne jamais sortir de la salle.


Voilà. J'espère que c'est resté relativement intéressant au delà de ma relativement éhontée subjectivité. J'espère aussi que vous ne m'en voulez pas relativement trop.


Bien à vous, relativement.


P.S 
Pour compenser avec un avis positif, je vous propose la critique constructive et non dépourvue d'humour de
-Icarus-:
http://www.senscritique.com/film/Interstellar/critique/36926000

Veather
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le 15 nov. 2014

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