A l’image de Buffet Froid, du même cinéaste, Calmos est un film truffé d’idées complètement absurdes. Sans concession ni entourloupe, c’est d’humour premier degré, de dialogues fleuris et d’acteurs répondant présents à la folie de leur metteur en scène, dont il est question.


Rochefort et Marielle, c’est l’association explosive de deux quarantenaires qui en ont ras le bol de leurs femmes respectives, et qui succombent à l’appel du large : une campagne généreuse en soleil, repos, charcutaille et bibine. Alors quand les deux bougres sont rejoints par des seconds rôles savoureux, Blier en tête de file, les situations deviennent aussi drôles qu’elles semblent hors du temps. Voir Marielle prêter main forte à Monsieur le curé pour mettre en garde un adolescent contre le sexe opposé et ses entourloupes vicieuses, c’est savoureux au plus haut point.


Ce qui fait de Calmos un film à part, c’est aussi sa capacité à se renouveler et ainsi surprendre un spectateur qui n’attend pas forcément ses changements de cap. Blier passe en effet allègrement de la farce sociale à la comédie noire burlesque au fur et à mesure que ses deux protagonistes sont rejoints par leurs homologues masculins et que leur révolte se met en place pour contrer leurs tortionnaires de femmes. Mais l’entreprise est vouée à l’échec, selon Blier, les matriarches sont indétrônables, leur pouvoir de séduction est impossible à contrer, en témoigne une séquence finale sortie de nulle part, visuellement assez osée, qu’il faut avoir vue pour croire qu’il était possible de sortir ce genre de délire en salles dans les années 70.


Quant au film et son sous-texte, il fera sans doute rugir dans les chaumières. Il est clair que pris au premier degré, la charge de Blier peut paraître un tantinet machiste (:D). Mais appréhendée au 12ème, uniquement pour ce qu’elle est, un trip sous acide entre mâles déprimés, sa révolte sage fait l’effet d’une douce dose de folie, d’une audace à toute épreuve qui se permet toutes les excentricités : voir Marielle prisonnier d’une machine qui entretient son érection en surveillant ses constantes vitales, c’est quand même quelque chose de suffisamment particulier pour valoir le détour !

oso
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le 30 juil. 2015

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