Les fleurs du mal

Après avoir réalisé quelques documentaires, courts-métrages ou séries TV dans les années 1960, Paul Verhoeven, à l'âge de 33 ans, met en scène son premier film, Wat Zien Ik?, où il nous plonge dans la vie de deux putains d'Amsterdam !

Le hollandais signe ici une œuvre assez gentille lorsqu'on connaît ses futures œuvres hollandaises où il porte un regard plutôt potache sur ce milieu sans être sulfureux sur ce milieu. Il s'attarde donc sur deux prostitués et c'est par le prisme de celles-ci qu'il met en avant l'humain dans une posture défiant tout de même la morale de la société, libérant leur pulsion et oubliant, le temps d'un moment, les codes & les mœurs de la société.

Via ce regard humoristique et potache, le futur metteur en scène de Black Book tend plus vers une ambiance légère, ajoutant bien quelques lignes scénaristiques plutôt dramatiques sans pour autant tomber dans la lourdeur, la morale ou encore le misérabilisme, jamais il n'y a de vraies victimes. Alors, c'est dommage qu'il y ait un manque d'enjeux forts, ou du moins que cette succession de scène (façon de parler) soit légèrement inégal. L'aspect plus sérieux passe par l'aspect couple que connaîtra, avec plus ou moins de bonheur, les deux compères, occasionnant quelques quiproquos drôles.

Il n'est guère difficile de reconnaitre déjà le style du néerlandais dans cette œuvre de commande, se rapprochant d'un réalisme cru, sans être dans le voyeurisme avec parfois un style presque naturaliste, s'éloignant des codes cinéma. Malgré ça, il est appréciable de voir des personnages avec ce qu'il faut de profondeur, et de naturel où, entre humanités, pulsions bestiales, coups-bas ou encore solidarités, ils vont participer à l'amusement et les péripéties de cette chronique.

On reconnaît Paul Verhoeven, dès ce premier film et si Wat Zien Ik? n'atteint pas la maestria des films hollandais qui suivront, ça n'en demeure pas moins une chronique potache et amusante de la prostitution d'Amsterdam.