Britney: For the Record
6.2
Britney: For the Record

Documentaire TV de Phil Griffin (2008)

En ouverture, les réalisateurs annoncent avoir abordé tous les sujets. Britney Spears y aurait répondu sans tabou. Mais ne soyez pas leurrés : hormis les affres de la célébrité et ses corollaires (une vie sentimentale parfois insatisfaisante — tel le commun des mortels, non ?), aucune confidence troublante, aucune aspérité ne surgira de ce "portrait-vérité" requalifiable de simili-panégyrique.

Car l'entreprise est (sous-)entendue : réhabiliter Britney Spears. Déjà, le docu a été tourné lors de son comeback de 2008, après son pétage de boulard que ma mémoire peu concernée associe vaguement à une Britney Spears chauve sur une photo de paparazzi. Jamais vous ne la verrez non maquillée et non coiffée. Un détail proprement insupportable tant Britney Spears incarne la poupée de porcelaine humaine par excellence. Le contrôle sur l'image est total et on ne me fera pas croire qu'il émane d'un choix des réalisateurs. Se mettre à nu, OK, mais selon ces clauses et conditions détaillées sur 47 pages (merci de toutes les parapher). De fait, les vingt premières minutes font plus penser au contenu d'un DVD bonus de son spectacle qu'à un documentaire proprement dit. Le montage pep's, les voix off, à commencer par celle du sujet principal, les (très rares) personnes interviewées qui ne font que servir la soupe en louant la "combativité" de la jeune femme, etc. Oui, Britney se confie comme elle ne le ferait pas à une featurette pour les MTV Video Music Awards, mais soyez assurés qu'elle a déjà raconté tout cela cent fois dans les magazines US : la douleur de ses ruptures, l'amour porté à ses enfants, la folie d'une célébrité qui entrave les libertés élémentaires et donne envie de tout plaquer même si "j'aime mon travail et gagner des millions c'est quand même bien coolos". Ici, on n'a que les larmes en plus... qui, troublant, ne coulent pas (détail dont vous faites ce que vous voulez — perso, je bile déjà suffisamment pour être en plus d'un cynisme parfait : je crois en la tristesse de Britney).

Ce passage est d'ailleurs le moment le plus intéressant du documentaire. On touche vaguement du doigt ce que peut être la vie de superstar. La mer de photographes qui empêche physiquement de rentrer dans un immeuble, l'obligation de les leurrer, de se planquer sous des couvertures, de n'emprunter que les sorties de secours, etc. On s'émeut soudain lorsque la jeune femme lâche que sa vie est verrouillée, montée sur rails, sans surprise. (...) Et puis on retombe sur son canapé : rien qu'on n'imaginait déjà... A-t-on attendu Britney Spears pour savoir que manger des chichis sur la plage avec ses mômes devenait rapidement impossible pour une superstar ?

On aurait aimé qu'elle balance, qu'elle explicite les raisons et conséquences de son pétage de plombs, qu'elle détaille ses idées noires, qu'elle égratigne sa putain d'image de bimbo superfriendly, qu'elle nous prouve qu'elle en a dans le crâne comme elle le proclame ! Que dalle. "Je crois fort en Dieu et j'ai eu de mauvaises fréquentations qui m'ont faite me perdre." Okééé...

On aimerait dire que ce docu simpliste fait dans le pathos mais même pas : Britney Spears est une femme rodée, qui en a vécu plus que nous tous réunis et qui sait comme personne se contrôler face caméra. Elle a grandi avec ce rapport à l'objectif, sait jouer du masque comme les plus grandes stars, s'est probablement forgée une force de malade et, par elle, une sacrée dignité. Qui doute que Britney Spears soit une gentille fille ? Tout au plus la découvrira-t-on impatiente et assez dure avec son père (qui, lui, semble en faire trop en présence des caméras). C'est cela qu'on aurait aimé entendre. Son rapport à son père ; où sont sa mère, ses frères et sœurs (aucune trace) ? Quels sont ses rêves qu'elle évoque vaguement, outre les achats de robes dans un magasin vidé (avec cette scène absurde où, lisant le prix sur une étiquette, elle proclame "trop cher" tel un Dupont-Aignan prenant le RER) ? Qui est Britney Spears, bordel ?
Gaor
5
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le 23 avr. 2012

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Gaor

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Lisazerty
8

It's Britney, B*tch!

Britney touchante ! J'ai beaucoup apprécié ce documentaire. Même si on sent le côté "pub à l'américaine", on découvre tout de même Britney plus simple, drôle et "naturelle". Très sympa.

le 14 sept. 2012

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buz
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