Bruges la belle
Bons baisers de Bruges : ce n'est pourtant pas a priori le genre de film qui me transporte, mais au delà du sujet qui met en scène des tueurs avec la violence inhérente au genre, se profile une...
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le 26 août 2011
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Né de l’esprit brillant du dramaturge et réalisateur irlandais Martin McDonagh (Sept Psychopathes, Three Billboards : les panneaux de la vengeance qui sort en salle aujourd’hui), Bons Baisers de Bruges (2008) est une comédie noire de génie. Ses dimensions shakespeariennes lui ont notamment valu le British Academy Film Award du meilleur scénario original en 2009 mais c’est surtout dans sa maîtrise du ton que ce film excelle. Entre situations comiques décalées et scènes dramatiques poignantes, Martin McDonagh promène le spectateur d’une émotion à l’autre avec une facilité et une justesse déconcertante.
Servi par un casting cinq étoiles réunissant notamment Colin Farell (Mise à mort du cerf sacré), Brendan Gleeson (Gangs of New-York, Harry Potter), l’excellent Ralph Fiennes (The Grand Budapest Hotel, Harry Potter) et Clémence Poésy (Final Portrait, Harry Potter), Bons Baisers de Bruges offre un décor onirique, celui de la ville de Bruges, qui sera le théâtre d’une histoire aussi absurde que belle et triste.
Deux tueurs à gages, Ray (Colin Farell) et Ken (Brendan Gleeson), sont envoyés à Bruges par leur patron Harry Waters (Ralph Fiennes) pour se cacher après avoir exécuté un contrat à Londres. Leur ordre est de rester discrets et de ne pas bouger le temps que les choses se tassent. Malheureusement, Ray et Ken s’y entendent mal. Le premier est jeune, impulsif et incapable d’apprécier le charme de Bruges. Rongé par la culpabilité de ses erreurs passées, il ne comprend pas comment Ken, son mentor, arrive à se passionner pour les histoires médiévales et le tourisme. Alors qu’ils s’interrogent sur les raisons de leur présence en Belgique, Ray rencontre une fille mystérieuse (Clémence Poésy) et Ken reçoit de nouvelles instructions de son patron pour un contrat qu’il n’est pas sûr de pouvoir mener à bien.
Le film est rythmé par une bande originale aussi belle que les décors offerts par la ville de Bruges. Aux commandes, Carter Burwell, un compositeur ayant beaucoup travaillé avec les frères Cohen sur des films comme The Big Lebowsky (1998), No Country for Old Men (2007) ou encore Avé, César ! (2016). Les plans fixes sur les merveilles de la ville médiévale accompagnés de cette musique donnent à Bons Baisers de Bruges une dimension fantastique, presque irréelle. Une atmosphère de conte pour ce qui semble être une fable drôlement morbide dont la morale semble dire que quoi que l’on fasse, personne ne reste jamais impuni.
Si Bons Baisers de Bruges arrive si bien à rendre ses personnages crédibles et attachants, malgré leur mauvais fond affiché étayé par une grossièreté permanente, c’est parce que le film prend son temps pour les construire. Le scénario plonge le spectateur dans une action déjà en cours dont on ne comprend tous les ressorts qu’au fur et à mesure du visionnage et pourtant, les personnages bénéficient d’une construction efficace. Le personnage d’Harry Waters, par exemple, n’apparaît qu’au milieu du film après que les autres aient construit sa légende. Tout ce travail donne une dimension beaucoup plus importantes aux personnages et le spectateur peut même ressentir de l’empathie pour l’homme détestable qu’est Harry Waters.
Pour couronner le tout, le jeu d’acteur est saisissant. Les quelques scènes tournées camera à l’épaule finissent de plonger le spectateur dans l’ambiance du film, donnant l’impression de haleter au rythme des dialogues, de rentrer véritablement dans cette fable moderne. Bons Baisers de Bruges s’apparente parfois à la pièce de théâtre de par ses dialogues, ses personnages caricaturaux et le point de vu intimiste donné par la caméra et l’ensemble offre une palette d’émotions et des variations de sentiments entre la compassion, la tristesse et le rire franc.
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Créée
le 18 janv. 2018
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