Blue Jasmine par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Jasmine vit à New-York dans un luxe absolu puisqu'elle a épousé Hal, un très riche homme d'affaires, qui à première vue ne manque pas de douces attentions pour sa femme très snobe et maniérée. Un beau jour tout ce paradis s'écroule et des malversations vont être dévoilées. Jasmine, complètement ruinée, va tenter de "s'oxygéner" auprès de sa soeur Ginger qui loge dans un petit appartement très simple de San Francisco. La vie et les relations de Ginger sont loin de séduire Jasmine.


La jeune new-yorkaise est habituée à une vie de conte de fée avec Hal. Celui-ci est un homme sans scrupule faisant fi de l'honnêteté. Jasmine ne suit absolument pas la vie professionnelle de son mari et se contente de voguer parmi ses nombreuses relations de la haute bourgeoisie de New-York lors de sorties ou de soirées très huppées. Le drame éclate bien vite lorsque la jeune femme va s'apercevoir que son époux la trompe depuis un certain temps. Les antidépresseurs vont alors remplacer les coupes de champagne. La jeune femme désœuvrée se met à parler seule et sans cesse, sans toutefois perdre sa classe et son snobisme, elle est aux portes de la folie.
Lorsqu'elle se retrouve chez sa sœur Ginger qui est absolument l'opposée, elle ne parvient pas à se faire à la simplicité ambiante et aux amis de celle-ci qu'elle juge bien loin de son niveau et de sa classe. Seule une relation sérieuse et fortunée pourrait à la rigueur la sauver mais les riches ne fréquentent pas trop les pauvres. Il faut donc faire semblant d'être nantie et de s'inventer une histoire.
Jasmine est obligée de travailler contre son bon vouloir comme secrétaire dans un cabinet dentaire. Elle va alors être confrontée à la vie trépidante, à la clientèle difficile, aux caprices de son patron. Un jeune diplomate fait alors irruption dans sa vie. Ne pouvant se départir de son snobisme outrancier et de ses goûts de luxe, elle sera prise à son propre piège. Pendant ce temps, Ginger, patiente et dévouée à souhait pour sa sœur, va subir des fortunes diverses dans ses relations avant de rencontrer Al, un ingénieur du son avec lequel elle espère vivre le bonheur absolu.


Voici donc deux portraits de femmes et la confrontation entre deux sociétés concoctés par Woody Allen. Si le sujet ne manque pas d'intérêt, j'ai trouvé que l'histoire qui l'illustre manque d'originalité. Woody nous entraîne dans une intrigue somme toute très conventionnelle, très schématique. Le film n'est pas mauvais en soit mais j'ai eu beaucoup de mal à entrer dedans malgré le talent des interprètes qui sauvent la mise.
C'est pourquoi je souscris aux propos de Pat_Monkey qui rappelait dans un commentaire sur "Vicky Cristina Barcelona" : "Un film de Woody Allen sans Woody Allen, déjà, il manque quelque chose (et non des moindres)...". Je fais toutefois une exception pour son "Minuit à Paris" que j'ai adoré.
C'est donc, à mon avis, une œuvre sans grande personnalité à laquelle j'ai assisté. Je parlais des interprètes et à ce sujet je voudrais revenir sur Cate Blanchett qui joue admirablement bien ce rôle de femme prise dans l'engrenage de sa personnalité de grande bourgeoise. Elle se montre détestable et émouvante à la fois, égarée dans ses souvenirs et prête à n'importe quelle compromission afin de conserver son rang. Sally Hawkins dans son rôle de Ginger nous concocte un personnage aussi tendre que déluré et parfois paumé, bref la honte de la famille pour Jasmine.


Ce film a tout de même le mérite de nous prouver que l'argent ne fait pas forcément le bonheur, et que les aléas de la vie peuvent très vite nous faire basculer dans le vide. Mais Woody Allen me semble avoir employé de grosses ficelles pour dénoncer un style de société et se montrer solidaire d'un autre. Je considère donc que "Blue Jasmine" est une œuvre mineure dans la carrière d'un réalisateur qui nous a habitué à tant de merveilleux moments de cinéma.


Note: 6/10

Grard-Rocher
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le 26 oct. 2014

Modifiée

le 17 oct. 2014

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