La Mémoire Assassine

Vin Diesel a beau essayer de relancer ses vieilles franchises, le bougre tourne un peu en rond dans sa filmographie. Aussi se dit-il qu'il n'a toujours pas fait de film de super-héros, de vrai film de super-héros. Il a bien prêté sa voix à un arbre balèze le temps d'une unique phrase mais sa tronche de Monsieur Propre bodybuildé n'est jusqu'ici clairement associée qu'aux Fast and Furious. Il reprend alors le rôle confié à l'origine à Jared Leto et incarne Bloodshot, premier personnage de Valiant Comics à être adapté au cinéma, la maison d'édition souhaitant elle aussi s'imposer dans le 7e Art en proposant un Cinematic Universe bien à elle.

Basé sur le relaunch de 2012, le scénario de Jeff Wadlow (Kick-Ass 2, Action ou vérité) et Eric Heisserer (Dans le Noir, Premier Contact) joue la carte de la sécurité en proposant une histoire ô combien classique d'origin story languissante et peu surprenante où un ex-soldat d'élite se fait ressusciter par une organisation futuriste pour devenir une machine de guerre aux pouvoirs spéciaux. Oui, en gros c'est Universal Soldier. Sauf qu'en fait notre héros invincible se fait manipuler par ladite société qui joue avec ses souvenirs. Grosso modo c'est un peu Total Recall, effectivement. Avec la mise en scène de Gamer, alternant ici entre séquences brouillonnes et money shots en slow-motion pour appâter l'adolescent à travers un trailer bien garni.

Bref, vous l'aurez saisi : Bloodshot ne fera pas de l'ombre aux Marvel et se rapproche même plus d'un Guerrier d'Acier que d'un vrai film de super-héros vraiment badass. Car ni le scénario éculé, ni la mise en scène anecdotique de Dave Wilson, concepteur de cinématiques pour jeux vidéos dont c'est ici le premier long-métrage, ne viendra nous décoller la rétine, le film étant surtout bavard et sans surprises, avec ce bon vieux Baboulinet se la jouant émotif et ce sacré Guy Pearce cachetonnant sans conviction. Du comics sanglant de Duane Swierczynski, déjà pas bien original en soi, il ne reste que quelques idées et une identité visuelle surtout exploitée dans un final numérique pas très glorieux qui fait de Bloodshot un blockbuster négligeable pas très fun et légèrement en retard sur son temps.