Big Fish se trouve dans une période incertaine du cinéma de Tim Burton. En effet, le film sort entre deux remakes à deux ans d'intervalles chacun : La Planète des Singes et Charlie et la Chocolatrie. Si le second est un sympathique divertissement, malgré la constante auto-parodie du cinéaste. Le premier est l'un des pires remakes que j'ai jamais vu, faisant honte à l'original.
Donc, le film sort durant un moment où le cinéaste gothique tourne en rond. Après beaucoup de succès dans les années 80 et 90 et en ayant créé son propre style qui en influencera plus d'un, il a du mal à se réinventer. Mais voilà-t-il pas qu'en 2003, Burton nous sort l'un de ses films les plus émouvants. L'histoire d'un vieil homme mourant racontant les périples de sa vie et ayant des conflits avec son fils.
En effet, nous suivons Ed Bloom, ayant eu une vie fantasque à la limite de l'histoire toute faite. Il a vu sa mort dans l’œil droit d'une sorcière, sauvé une ville d'un géant pas menaçant, rencontré une secte pieds-nus amicale,... Ou encore travaillé dans un cirque gratuitement durant 3 ans, simplement pour connaitre l'amour de sa vie. Ed est un golden boy à qui tout réussi et est aimé de tous. Mais comme tout être vivant, son heure arrive. Son fils Will, avec qui ils ne sont jamais vraiment parlés, ne croit plus aux histoires de son père mais devra se réconcilier avec lui avant qu'il ne parte.
La partie passé du film est magnifique, que ce soit en terme de réalisation ou de scénario. Cependant, la partie présente entre le père et le fils est plus conventionnelle, elle peut-être par instants pathos et réalisée fadement, on est des fois frustré des transitions du passé au futur. On remarque que Burton est moins à l'aise pour filmer le quotidien, les scènes ne sont pas aidées par la composition de Danny Elfman qui est étonnement quelconque, ressemblant à toute musique insipide de drames hollywoodiens et gâchant même les images.
Quant aux performances, les deux Ed Bloom sont très bons, que ce soit Ewan McGregor ou Albert Finney. Les autres acteurs ne sont pas en reste, même Marion Cotillard passe. Mention spéciale au personnage de Sandra, incarnée jeune par Alison Lohman et vieille par Jessica Lange. C'est peut-être la coupe de cheveux qui joue, mais la ressemblance est frappante. On peut beaucoup moins dire cela des deux Ed.
Le métrage est un Burton sage en apparences, mais il est juste beaucoup moins gothique et plus fantastiquo-crédible que les autres. Par sa photographie lumineuse, il y a un fossé avec les autres films du bonhomme, mais on reconnait notamment son amour des freaks et marginaux en tout genre.
Les parties familiales ont beau être en deçà, le magnifique final rattrape le tout et donne raison à Ed. Cette fois-ci, Tim Burton ne filme pas un cauchemar mais un rêve. Un film sur un rêveur, par un rêveur et pour des rêveurs.