Trois ans après la sortie de Man of Steel, la franchise DC Comics embraye la seconde pour nous servir un film dont le titre est plus qu'approprié : L'Aube de la Justice... et des 15 films qui vont en découler et venir étoffer l'univers DC sur grand écran. N'oublions pas qu'il a y un léger décalage par rapport à la franchise Marvel ; il était donc grand temps que quelqu'un s’attelle à la lourde tâche de relancer la machine DC, mais à quel prix ?
Niveau scénario, au delà de l'emblématique rivalité entre Batman et Superman, présentée comme le point central du film, beaucoup (trop?) de thèmes veulent être abordés : le sentiment d'impuissance et de méfiance (c'est peu dire) de Bruce Wayne/Batman vis-à-vis de son nemesis, la position de Clark/Superman par rapport à son statut de (faux) Dieu, le travail de journalisme de Loïs, l'introduction Lex Luthor, de Wonder Woman... Tout ça rend le film saccadé, enchaînant des séquences qui partent à droite à gauche pour suivre chacun des protagonistes dans leur quête de justice. En ressort un sentiment de frustration car rien n'est suffisamment creusé pour permettre au spectateur de s'investir émotionnellement. A voir si la version longue permettra d'adoucir cet aspect.
L'univers DC est tellement riche et complexe qu'on ne peut s'empêcher de se penser que le clivage entre les "initiés" et les "profanes" pourrait poser problème, notamment dans la compréhension de certains références à des trames futures égrainées tout au long du film. Ces scènes de flash back peuvent en se sens paraître incongrues, et même parfois ennuyeuses...
Les fans s'y retrouvent tout de même, surtout si l'on est familier avec les comics les plus emblématiques tels que The Death of Superman ou Batman The Dark Knight Returns. On comprend au moins déjà la position émotionnelle de Bruce Wayne qui n'a pas fait que cueillir des pâquerettes au cours des dernières années ! Mais on sent également que Mr Snyder a voulu bien faire et en a oublié l'essentiel : l'histoire et les personnages ! Parce que globalement quand même les deux sont relégués à on ne sait quel plan mais pas celui qu'on espérerait...
Niveau visuel quand même, l'esthétisme est toujours au rendez-vous, du pur Zack Snyder. Les scènes d'action, agrémentées d'une musique d'Hans Zimmer dans la continuité de MoS, sont globalement réussies si ce n'est la bataille finale qui tient plus du jeux vidéo à grand coup de CGI. En même temps on s'y attendait, comment sinon retranscrire le combat épique de nos héros contre indésirable numéro un ? Mais niveau méchant, on repassera car on passe complètement à la trappe l'origine du vilain emblématique pour ne garder que le résultat d'une nuit passionnée entre Hulk et un troll atteint de conjonctivite.
Globalement donc un film qui, malgré le potentiel qui lui était offert, manque peut être de profondeur et n'arrive pas à faire vibrer le spectateur autant qu'on aurait pu le vouloir. A noter tout de même une superbe scène d'ouverture qui fait le lien avec MoS, des cameos des différents membres de la Ligue des Justiciers jubilatoires et des scènes qui vous décollent les chaussettes. De même, les pointes d'humour apportées notamment par un Lex Luthor toujours aussi psychotique et un Perry White toujours aussi exaspéré par ses reporters sont très appréciables.
On attendant quand même la suite (non on est pas des sadiques) qui, s'il elle tient ses promesses et parvient à corriger le tir sur certains aspects scénaristiques, a le potentiel d'envoyer du lourd.